Le château de ma Mère, c'est le Château de la Buzine, à proximité de Marseille. Pour se rendre à sa maison de campagne La bastide - voir La gloire de mon Père auquel ce film fait directement suite -, la famille Pagnol emprunte un chemin longeant le canal de Marseille et traversant un ensemble de propriétés. L'une d'elles que le petit Marcel voit comme un grand château les oblige à se dissimuler et à courir pour échapper au garde et à son chien féroce, à la grande frayeur d'Augustine, la Maman de Marcel. Le Château d'Astros à Vidauban figure La Buzine, non encore réhabilitée lors du tournage du film.
En hommage à ce souvenir et à sa Mère, Marcel fera plus tard l'acquisition de ce château afin d'en faire une cité du cinéma. Toujours présenté par la belle voix mélancolique de Jean-Pierre Darras, le film garde la grâce et la fraîcheur de la première partie tournée par Yves Robert la même année. On y retrouve avec plaisir Philippe Caubère, Nathalie Roussel ainsi que le merveilleux Julien Ciamaca dans le rôle du petit Marcel Pagnol.
Les dernières minutes du film illustrant les tragédies de la vie et le temps qui passe sont déchirantes.
Lorsqu'il y a une dizaine d'années, mes pas m'ont menée du côté du château de la Buzine, quelle émotion de retrouver les souvenirs racontés par Marcel Pagnol dans son beau roman, Le château de ma Mère et évoqués par Yves Robert. M'approchant de la demeure, je découvre alors épouvantée qu'il n'en subsiste plus qu'une façade, pauvre décor abandonné aux corbeaux et aux herbes folles. Squattée, dépouillée et saccagée, la pauvre demeure ne fait plus illusion que de très loin tandis que sur un panneau, de mélancoliques photos de la famille Pagnol rappellent tristement le temps passé.
En 2006, après quarante ans d'abandon, le château a été acquis par la ville de Marseille qui en a heureusement engagé la rénovation (je dirais plutôt reconstruction) . Rêvée comme une Cité du cinéma par Pagnol, projet qu'il ne pourra hélas pas réaliser, la demeure est inaugurée en 2011 comme Maison des cinématographies de la Méditerranée. La partie dévastée a été reconstruite sous la forme notamment d'une grand carré de verre, extension moderne permettant d'abriter salle de cinéma et salle d'exposition. Reste ainsi le souvenir du lieu, à défaut du lieu intact et le film d'Yves Robert, film au ton juste, qui touche au coeur, bel hommage à la Provence et aux bonheurs de l'enfance en famille.
Ma critique de La gloire de mon Père :
https://www.senscritique.com/film/La_Gloire_de_mon_pere/critique/102514335