States of Jeannette
States of Jeannette 1989: Jeannette Walsh, reporter photo pour un hebdomadaire new-yorkais, est sur le point de se fiancer lorsqu'elle reconnaît ses parents en SDF. Et ses souvenirs d'enfance...
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le 30 sept. 2017
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Après States of Grace, le réalisateur Destin Daniel Cretton s'inspire de l'enfance hors-norme de la chroniqueuse mondaine Jeannette Walls en adaptant son roman homonyme et en confiant le rôle principal à Brie Larson, déjà à l'affiche de son précédent long-métrage.
Nous sommes à New-York en 1989, Jeannette (Brie Larson) arbore sa plus belle choucroute lors d'un repas d'affaire avec son fiancé David (Max Greenfield). La conversation se fait sur un ton léger mais on sent une certaine gêne dès que l'homme d'affaire demande ce que font ses parents. Après le dîner, elle va croiser ceux-ci entrain de faire les poubelles et va les ignorer. Cela va réveiller en elle les souvenirs de son enfance au sein d'une famille dysfonctionnelle sous la coupe d'un père fuyant les créanciers et ses démons.
L'histoire est faite d'allers-retours. La famille roule sur les routes de campagne à la recherche d'un nouveau lieu de vie et surtout du terrain idéal pour construire le château de verre que promet le père à ses enfants. Jeannette vit dans un appartement luxueux avec son fiancé. L'enfant des champs a laissé place à la femme de la ville. Au fil du récit, on va mieux comprendre son parcours.
L'apparente légèreté des premières scènes, va rapidement vaciller à cause de ce père (Woody Harrelson) se révélant être un doux rêveur mais surtout sujet à des excès de violence psychologique et parfois physique. Il prône la liberté en étalant son savoir pour étayer son propos. Son influence est immense sur ses enfants, il profite de leurs crédulités pour imposer sa vision du monde avec la complicité d'une mère tout aussi défaillante dans l'éducation de leurs progénitures. Ce sont des égoïstes, il veut vivre sa vie selon ses envies, elle veut pouvoir continuer à peindre ses toiles au détriment du bien-être de leurs enfants. Cette vie de saltimbanque montre rapidement ses limites. Le discours du père ne passe plus. Les enfants ont grandi, il sont épuisés par les multiples déménagements, par cette instabilité et insécurité. Ils ont besoin de repères, mais leurs parents se refusent à jouer leurs rôles d'adultes en ne les protégeant pas. Pire encore, ils vont les jeter dans la gueule de la louve, responsable de l'état psychologique de leur père. Une décision impardonnable qui va briser le peu d'affection restant dans le cœur de ses enfants pour eux.
Le film est raconté du point de vue de Jeannette. La relation père/fille est complexe et peut se résumer par un rapport amour/haine. L'enfant est en admiration devant son père charismatique. Il n'est pas comme les autres parents. Il n'impose pas de règles; du moins en apparence; et il offre une étoile pour l'anniversaire de chacun, tout en promettant un château de verre dont il élabore les plans selon les souhaits de chacun. On le pense protecteur, mais la scène se déroulant dans la piscine va mettre en avant son côté obscur. Son alcoolisme va avoir des conséquences désastreuses sur son rapport avec ses enfants. Il va se sevrer mais ce ne sera qu'une parenthèse avant que ses démons reviennent l'assaillir et qu'il reporte sa douleur sur ses enfants. Le rêve enchanté se transforme en un cauchemar et les rancœurs s'accumulent au sein de l'esprit de Jeannette qui va finir par lui cracher toute sa haine lors d'un mémorable bras de fer.
De l'amour à la haine. On pourrait simplifier le rapport de Jeannette avec son père de cette manière, mais cela serait trop facile. L'humain est un être complexe et ambigu. La rage de Jeannette envers cette figure paternelle défaillante est amplement justifié. Ce père a passé sa vie à combattre ses démons en tentant de les noyer dans l'alcool, un simple pansement sur une plaie béante qui ne se refermera jamais. Les sévices reçus durant son enfance explique son comportement. D'un côté, il protège ses enfants du mal qui le ronge en ne voulant pas reproduire le schéma qu'il a connu. Mais d'un autre côté, il les fait souffrir d'une autre manière. Il n'aura jamais su trouver une solution à ses problèmes et va en créer d'autres dans l'esprit de ses enfants. Ils vont chacun avoir une vie en opposition aux préceptes de leur père. Jeannette est une chroniqueuse mondaine et Brian (Josh Caras) va devenir policier. La futilité et l'autorité, ce qui contrarie le paternel. Alors que Lori (Sarah Snook) semble heureuse, surement dû à son statut d’aînée et donc la première à fuir le semblant de foyer familial. Au contraire, la benjamine Maureen (Brigette Lundy-Paine) s'est retrouvée seule avec leurs parents et ne semble pas en mesure d'avoir un semblant de vie dite normale. L'histoire étant raconté selon le point de vue de Jeannette, on a des zones d'ombre et comme le dira la vraie mère durant le générique de fin : Jeannette dira que c'était bien, alors que Maureen vous dira le contraire, chacune a vécu différemment cette vie.
Woody Harrelson bouffe à nouveau l'écran dans le rôle de ce père charismatique. Il est à la fois drôle, tendre, violent, complexe et perturbant. Comme son personnage, Brie Larson ne se laisse pas impressionner et se montre à la hauteur de l'acteur. Ce n'est pas surprenant de sa part et se montre aussi touchante en adolescente qu'en femme. Naomi Watts semble profiter de l'aura de ses talentueux partenaires pour retrouver un peu de sa superbe dont seul David Lynch semblait capable d'en extraire le meilleur. Les autres personnages ont leur importance, mais restent en retrait. C'est la relation père/fille qui prime sur l'ensemble car cela reste l'histoire de Jeannette Walls.
Une oeuvre touchante, interrogeant sur les blessures de l'enfance, la famille, l'éducation, la notion de liberté et la transmission des caractères héréditaire. Elle est plus intéressante dans sa réflexion que dans sa construction où le trait est parfois forcé. On peut aussi regretter un final expéditif, même si la puissance émotionnelle de la scène est susceptible de rendre vos yeux humides. Cela manque d'un peu de profondeur psychologique en se montrant parfois académique, mais on évite le pathos et la possibilité de rendre l'ensemble glauque.
Créée
le 1 oct. 2017
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