Nouvelle découverte de la filmographie d'Oldřich Lipský, Le Château des Carpathes ne me fera pas tarir d'éloges sur la créativité merveilleuse de la nouvelle vague tchécoslovaque. S'il est basé sur un roman de Jules Verne, il fait nul doute, même sans l'avoir lu, que l'adaptation est on ne peut plus libre, Lipský le transformant en une de ces comédies dont il a la spécialité.

Suivant les pérégrinations du lord Teleke et de son valet affable, le film nous fait débarquer dans un village des plus pittoresques avec ses ivrognes, ses édentés, ses moustachus bedonnants et bien évidemment son mystérieux château, qui sera le coeur de notre intrigue. Du choc culturel qui se produira entre le lord soliste d'opéra et les pèquenauds de la bourgade village viendra la révélation pour notre protagoniste : son épouse y est enfermé. Point de monstre dans cette forteresse en apparence en ruine, c'est bien dans une savoureuse parodie de film d'aventure/espionnage que nous venons de débarquer.

Il est sans doute inutile de détailler plus encore l'intrigue du Château des Carpathes, là n'étant nullement son intérêt, c'est dans sa forme et non dans son fond que le film tire son épingle du jeu. Aucune scène n'y est une simple scène de dialogue ou du quotidien, chaque action et chaque discussion sont toujours accompagnée d'éléments incongrus et créatifs : contexte, réactions, pensées : tout est propice et exploité comme tel pour faire surgir rire ou émerveillement dans cette oeuvre qui semble fuir la banalité à tout prix tout en jouant avec les codes de manière délicieuse. Quelques exemples au hasard : le squelette sur la charrette (nous faisant croire à un manque de budget), les flics qui chantent en marchant (et sans se presser), les hommes de mains a barbe, les oreilles qui fument en entendant une ineptie, la main bionique du savant fou... En assumant complètement son aspect en toc, le mettant au service d'une créativité féérique, Lipský facilite curieusement la suspension d'incrédulité de son public, tout devenant crédible si c'est joliment présenté. Et c'est ici bien le cas, notamment grâce à une association bien sentie avec le grand génie du stop motion et de l'animation Jan Švankmajer.

Suivre les aventures de ce héros à la voix d'or a donc été pour moi un pur plaisir, mélant rigolade et émerveillement notamment dans son final cartoonesque et surréaliste de haute voltige. On pourrait évidemment faire de nombreux reproches à ce type de film, notamment de n'être qu'une succession de gags sans réel intérêt, personnellement ce gourmand humour désuet me cueille à chaque fois.

arthurdegz
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le 16 févr. 2024

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