Le masqué écrivait dans un précédent avis qu'il attendait avec une grande impatience le nouvel opus de Yann Gozlan...
... Avant d'avouer, après avoir mis à 6 au goût de trop peu, que Visions l'avait déçu.
A une certaine époque, le masqué aurait avoué la même impatience à retrouver Keiichi Hara. Surtout à l'époque de Un Eté avec Coo et de Colorful. Sauf qu'après ces deux-là, Hara livrait un Miss Hokusai aux allures de mausolée et de mise en retrait du monde. Puis un Wonderland : Le Royaume Sans Pluie, odyssée colorée mais finalement très inoffensive.
Le masqué avait ainsi lâché la carrière de Keiichi Hara, et n'a donc découvert que très tardivement que son nouvel effort, Le Château Solitaire dans le Miroir, allait bientôt sortir sur les grands écrans français.
Il a donc acheté son billet sans confiance excessive, se souvenant de la douche froide subie en 2019, et en ignorant totalement de quoi il retournait question intrigue.
Durant toute la projection, Behind a pensé avec soulagement à l'impression, très bonne, que lui avait laissé Colorful, tellement Le Château Solitaire dans le Miroir lui ressemble comme à un film frère dans son argument fantastique qu'il porte, ou encore dans le regard qu'il porte sur cette jeunesse japonaise qui, malgré les spécificités scolaires locales, touche encore une fois à l'universel.
Car après la question douloureuse du suicide, Keiichi Hara confronte ses personnages au phénomène du harcèlement scolaire. Sans cependant verser dans le larmoyant ou dans le démonstratif.
Ainsi, l'ange guidant une âme amnésique laisse la place, aujourd'hui, à une gamine faisant du pied au Petit Chaperon Rouge en qualité de maître de cérémonie d'une thérapie de groupe déroutante qui, à côté de son sujet terriblement actuel, réussit à ménager des interrogations constantes quant au pourquoi de cette épreuve et de cette quête, ou encore au comment de ce château juché au milieu de nulle part.
Un château aux allures de monde alternatif, à la fois refuge et repaire parfois inquiétant où le mystère plane et où les histoires de chacun se font jour.
Avec Le Château Solitaire dans le Miroir, Keiichi Hara renoue avec la politesse des humbles en ne forçant jamais sur le pathos, en laissant certaines cruautés hors-champ, en privilégiant la fable fantastique au drame qui riverait immanquablement l'imaginaire au sol.
La charge émotionnelle, quant à elle, s'avère immense tant de par sa thématique que quand Hara s'intéresse à l'environnement immédiat du mal être adolescent. Pour mieux affirmer que d'autres issues sont possibles et que la résilience, ou la paix avec soi-même, sont parfois au bout du tunnel.
Keiichi Hara se confronte donc avec ce qui traversait déjà ses préoccupations dix ans plus tôt, pour encore une fois frapper en plein coeur et nous désarmer.
Behind_the_Mask, grand méchant loup.