Dans la veine des enquêtes cherchant l'homme sous le leader, voici le portrait en mari et père de famille d'Ernesto Guevara de la Serna, mieux connu sous le surnom de Che. On a tous en tête ses exploits de guérillero, son aversion pour les bains, son mépris pour l'argent, sa méfiance visionnaire envers le capitalisme, son penchant pour les cigares et ses divergences salutaires avec Fidel, mais on peinait à trouver là-dessous les traces de l'homme véritable. Ce documentaire fait le pari que la vie privée éclaire la vie publique. Ça n'est pas si évident, finalement. Les gens cloisonnent efficacement leurs différentes facettes, et, sans être Tariq Ramadan, Ernesto Guevara faisait de même, séparant parfois volontairement sa vie de famille de son activité professionnelle. Peut-être d'ailleurs que sa nature de révolutionnaire le dispensait de voir dans son engagement public un métier à proprement parler. Au final, le documentaire ne lève pas vraiment le voile, mais les témoignages sympathiques ou émouvants de ses compagnons de lutte ou de son fils permettent d'approcher un peu plus du mythe. J'en sors avec davantage de question que de réponses. Ce type lumineux et souriant reste une véritable énigme. Comment faire coller ses actes démesurés avec une normalité sentimentale d'une apparente banalité ? La question reste entière.