au choix : défunts sans vie, des vies sans fin, un titre français qui gomme la polysémie originale

Si je me fie aux critiques d'IMDB, des petits (vieux) malins on décidé d'octroyer un statut culte à ce film, car ils se targuent d'être parmi la minorité qui l'a compris à l'époque. Ils prétendent même qu'il les a fait rire. Je soupçonne le rire forcé de ceux qui veulent bien faire entendre qu'ils ont saisi la blague, eux.
Car c'est une satire, et celles-ci sont rarement drôles. Dr Strangelove, du même scénariste Terry Southern, n'est pas drôle - Kubrick et la comédie...? Southern a su capter l'esprit de l'époque. Sorte d'anar incrusté dans l'establishment, il a scénarisé d'autres ofnis comme Candy et The Magic Christian, et il serait aussi l'auteur d' Easy Rider - il y eut même procès pour se voir reconnnaître la paternité du scénario (décidément, j'ai du mal à entendre des voix positives au sujet de Dennis Hopper - dernièrement c'était Peter Coyote expliquant qu'Hopper avait proposé à sa troupe de théâtre/commnauté gaucho de jouer dans son film pour un salaire de misère).
Il dénonce donc le consumérisme américain qui ne connaît aucune frontière - via le business hypocrite des pompes funèbres - , la farce du mariage - un homosexuel poursuivant de ses ardeurs une ingénue - , l'embrigadement religieux - ladite ingénue au visage de cire faisant preuve d'un fanatisme suicidaire qui présage les groupies de Charlie Manson et compagnie - et même le jeune premier n'est qu'un imposteur, qui n'a avec les poètes britanniques dont il s'attribue les oeuvres, que l'alcoolisme en partage.
On a même droit à un gourou donnant des conseils de vie par correspondance, qui s'avèrera être le truculent Lionel Stander !
Comme souvent avec la satire, chaque personnage de la galerie incarne un type, une caricature sans profondeur, et pour lequel on serait en peine d'éprouver de l'empathie. C'est la difficulté que surmontaient les magiciens de la comédie italienne - mais ils travaillaient en bande, profitant chacun des lumières des autres, le tout étant parachevé par des acteurs géniaux. Le cocktail parfait, le miracle à l'italienne qui n'est pas prêt de se reproduire.


Le film est vraiment beau - mais le noir et blanc qui magnifie les décors extravagants du cimetière, contribue à la froideur de l'ensemble. Il y a de très bons acteurs, mais ils sont mal exploités - seul l'oncle, peintre du dimanche professionnel qui s'attribue le "Sardanapale", est sympathique, et on voit comment ça lui réussit au final. Comme le contexte et les personnages qu'il dépeint, le film manque de vie, de folie, et de rythme - deux trop longues heures sur lesquelles l'intrigue s'étire sans grands enjeux. Ce type de trame décousue convient parfois aux films jouant avec un côté "vériste" ou pseudo-documentaire, en mode "tranches de vie" comme put l'être le cinéma de Tony Richardson en Angleterre (la Solitude du Coureur de Fond ; A Taste of Honey), ou encore dans certains délires surréalistes de Fellini (mais on peut aussi se faire chier devant un bon nombre de ses films), ici c'est plutôt ennuyeux.


Alors ce film est une vraie curiosité (voulue comme telle) ; il est bien joli à regarder ; en tant que satire il tape juste - il est même visionnaire (lorsque le jeunot demande si en envoyant tous les macchabées dans la stratosphère, on ne risque pas les collisions) - mais pas pour autant une réussite.
Notez que l'auteur anglais du livre ici adapté, Evelyn Waugh (oui c'est un mec - un anglais!!!), aurait désavoué le film avant de le voir - et est mort quelques jours avant sa sortie. Ca c'est du plan com.

ChatonMarmot
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le 23 août 2017

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ChatonMarmot

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