Mon royaume pour un cheval de fer
Tout Ford est déjà dans ce cheval de fer, plus vieux film muet rescapé du géant Irlandais.
Première superproduction de la Fox (il vient de quitter Universal) pour concurrencer la Paramount avec sa "caravane vers l'ouest", les caractéristiques Fordiennes sont déjà toutes là (mine de rien, c'est quand même le 50eme film du bonhomme...): les scènes de foules, de bagarres, de camaraderie, de chants, de beuveries, de drôlerie (ah, ce moment avec le dentiste...!)
Dès les premières minutes, une scène, magnifique, ne trompe pas.
Deux enfants, épris loin de l'autre, doivent se séparer car le garçon suit son père vers l'ouest. Alors que, déchirés, ils se disent adieu, le père de la demoiselle tourne ostensiblement la tête le temps que les deux bambins puissent s'embrasser tendrement. Il va tout de même esquisser un coup d'œil pour contempler le moment, attendri.
Oui, oui, oui j'insiste: tout Ford est dans ce regard d'une chaleur confondante.
Pour le reste, c'est du muet de grande classe, dont la qualité va se nicher jusque dans ses cartons classieux, superbement illustrés et aux textes calligraphiés d'une police agréable.
Les deux locos utilisées sont les machines mêmes, historiques, dont parle l'histoire ! Du coup, on pourrait presque croire que Lincoln, Buffalo Bill, Wild Bill Hickock sont eux aussi les authentiques acteurs de cette fresque magnifique, dont quelques plans sont d'une audace inouïe.
Vous êtes arrivés jusqu'ici sans vous être procuré une copie de ce chef d'œuvre ?
Inconscients...