Je m’attendais à trouver un piètre film de cape et d’épée tombé dans l’oubli au fil des ans à cause de sa médiocrité ou simplement de son insignifiance, la surprise n’en fut que plus agréable. La fraîcheur qui se dégage du film et les couleurs chatoyantes du Eastmancolor rendent le visionnage plaisant malgré un sentiment de déjà vu prononcé voire omniprésent, la faute à ce noble héros masqué au service d’un peuple opprimé qui n’est pas sans rappeler de manière flagrante Zorro et tous ses ersatz. Quoiqu’il s’agisse ici d’une adaptation du roman « Le chevalier de Maison-Rouge » d’Alexandre Dumas qui est antérieur chronologiquement aux créations des personnages de Zorro ou du mouron rouge entre autres. Ici le justicier masqué s’appelle « Le Marseillais » (sans doute en référence à l’hymne révolutionnaire) et il ne se contente pas de ridiculiser ses ennemis par son audace et son panache : il se fait un devoir de les faire cocus, une vision très française de l’héroïsme qui fait baigner l’ensemble dans un léger libertinage qui peut s’avérer délicieusement piquant à l’occasion (machiavélique J. Castelot).
Le juvénile Jacques Perrin joue les jolis coeurs avec une couardise et une espièglerie assez comiques qui font allégrement basculer certaines scènes vers le vaudeville. La transformation du personnage, de Casanova superficiel à leader révolutionnaire, est amenée de façon tout aussi cocasse sans que cette transfiguration paraisse fausse pour autant. Le running gag du maître d’armes et ses leçons d’escrime délirantes participent du même effet, le décalage comique « bon enfant » prend le pas sans problème sur les exploits sportifs et virils habituels des films du genre. La carrure fluette de Jacques Perrin s’accorde parfaitement à ce personnage qui n’a certes pas le profil des héros puissants de Jean Marais, il joue même de cette apparence innocente pour berner ses poursuivants. S’agissant d’une coproduction franco-italo-espagnole on perçoit l’auto-doublage des acteurs français mais rien de disqualifiant au niveau de la synchronisation, en V.F ce casting cosmopolite passe très bien à l’oreille (le plus étonnant est de voir au générique le nom de Michel Fugain comme assistant réal). Bref un film de cape et d’épées assez classique dans les archétypes qu’il convoque mais qui se démarque néanmoins par sa légèreté de ton qui fait tout le charme de l’oeuvre (le charme des actrices en prime).

archibal

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