Voilà un excellent film d'aventures à l'ancienne.
Le style fait penser à Robinson Crusoe et Captain Singleton de Defoe.
"Le Chevalier de la Vengeance" est une épopée très complète qui va pourtant très vite, sans donner l'impression qu'on rate quoi que ce soit ou que les relations sont forcées ou poussées de manière factice.
Seule la conclusion semble un peu pressée avec la disparition de notre héros hors caméra sans un mot pour son grand père par exemple.
Le jeune Ben est, semble-t-il, le fils bâtard d'un noble anglais. Arraché, enfant, à son aimant grand-père par son oncle, héritier du titre, il grandit comme valet d'écurie chez celui-ci, tombe amoureux de sa fille et arrivé à l'âge adulte, décide de partir sur les mers pour faire fortune. Il pourrait ainsi prouver sa légitimité, se venger de son fourbe et cruel oncle et épouser sa dulcinée.
Il arrive alors sur une île paradisiaque, où il est bien accueilli avec son comparse en recherche de perles et crée un lien avec une jeune et belle indigène.
Pourtant, il ne pense toujours qu'à une chose, retourner en Angleterre.
Tyrone Power est beau et talentueux, il est plein de charme et d'intensité.
Face à lui George Sanders, comme souvent, est plein de venin et de fourberie avec en prime un bon gros combat à coup de poings qui est étrangement jouissif.
Gene Tierney n'a pas un rôle facile : la belle ingénue qui ne parle pas. Elle arrive néanmoins grace à son talent et une belle écriture du personnage à la sortir de l'exotique amoureuse un peu simple. Au contraire, elle est complexe et pleine de profondeur.
De l'autre côté du monde, la blonde Frances Farmer est excellente en jeune lady apparemment idéale. L'opposition des 2 crée l'un des meilleurs suspenses du film. Plus que celui de l'intrigue principale puisque qui douterait une seconde qu'il gagnera à la fin et retrouvera ses droits.
Mais l'opposition de ces 2 personnages féminins avec une réelle incertitude sur les intentions de Ben, génère de véritables questions.
On reconnaîtra aussi le tout jeune Roddy McDowall dans le rôle de ben enfant dont la petite bouille fragile mais volontaire fait des merveilles. On rencontre aussi dans un tout petit rôle émouvant Elsa Lanchester.
Le noir et blanc est très beau et si les décors font un peu carton et studio, c'est la rançon de l'âge du film et, à mon sens, fait partie du charme. La musique est aussi très réussie et aide à l'immersion dans le film.
Un très moment. (disponible sur youtube).