Pour qui souhaite se familiariser avec les films de la Hammer, mythique studio anglais qui servit, des années 50 aux 60, les grandeurs de l’épouvante britannique, Le Chien des Baskerville est l’idéale mise en bouche. Réunissant le trio emblématique avec Terrence Fisher à la réalisation, Peter Cushing et Christopher Lee devant la caméra, c’est tout un folklore local qui s’offre au spectateur : mise en scène raffinée, interprétation au cordeau pour un traitement résolument littéraire et verbeux d’une intrigue touffue. Il ne s’agit en effet pas de chercher à approfondir la complexité des personnages (tout le caractère drogué et fantasque du Holmes originel est ainsi intégralement édulcoré), mais plutôt d’aligner avec un plaisir assumé des archétypes, de Watson le sidekick au curé entomologiste fantasque, en passant par le noble cardiaque et la domestique espagnole au sang chaud. Les discussions de salon, ou l’on s’échange avec un flegme inimitable les politesses d’usage, ajoutent au charme de toute cette compagnie.


L’intrigue reste assez mécanique et linéaire, et creuse surtout un sillon pour des séquences visuelles particulièrement travaillées, dans un technicolor auquel rendent un vibrant hommage les restaurations contemporaines. La Hammer, c’est un festival bigarré où la vivacité des costumes le dispute à des décors de studio tout à fait remarquables, que ce soit dans cette campagne rustique, des marécages ou des mines qui semblent directement calquées sur l’imaginaire de l’enfance.

La boue, la brume, une tarentule et les lointains hurlement du fameux chien feront le reste pour revisiter à la mode anglaise un gothique immortel. Les ruines de l’abbaye et la lande deviennent des personnages à part entière, et le jeu des éclairages, pour artificiel qu’il soit, nourrit à merveille cette ambiance de policier. Tout cela reste évidemment très bon enfant, et le folklore convoqué (dague sacrificielle, légende ancienne et malédiction) reste au niveau du pur récit sans autre ambition que de divertir. Mais force est de constater que le soin avec lequel on brode l’écrin nous met en lien avec tout le savoir-faire d’un studio à l’identité bien marquée.


(6.5/10)

Sergent_Pepper
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le 8 avr. 2021

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