Sous aucun prétexte, ne vous aventurez-vous seul sur la lande!



Le Chien des Baskerville est un long métrage britannique sortie en 1959 et réalisé par Terence Fisher qui n'est clairement pas un amateur en matière de créature fantastique. Cette oeuvre est une proposition de la Hammer studio de production spécialisé dans les films fantastiques horrifiques avec une mise en images bien particulière. Ce qui est en soi est très intéressant avec cette proposition c'est que la Hammer fait un paradoxe stimulant en confrontant son univers fantastique peuplé de monstre, au terre à terre et célèbre détective Sherlock Holmes. Une idée pour le moins originale, le présage et la parole d'un face à fasse épique qui donne clairement envie de voir!


Le scénario est signé Peter Bryan qui s'est bien entendu inspirer du roman d’Arthur Conan Doyle, et si celui-ci fait preuve d'ingéniosité dans sa présentation du contexte ainsi que dans sa narration, il fait une erreur de taille en choisissant de finalement partir sur une fausse confrontation fantastique en révélant simplement un complot et une machination pour une simple histoire d'héritage (déjà vu et revu même pour l'époque) qui n'inclut malheureusement aucune confrontation épique entre le génie de Sherlock et le Chien démoniaque. Certains diront que c'est justement de là que vient l'intelligence de cette oeuvre, mais j'en suis bien moins sur, car le résultat final nous rapproche bien plus d'un film policier qu'autre chose.


Le Chien des Baskerville est une occasion manquée de voir enfin Sherlock Holmes opposé à une force qu'il ne peut maîtriser, et il aurait été justement adroit et habile de coller avec l'intention de base d'un tel titre. Une promesse se face à fasse mythologique non tenue qui fait peine à voir, surtout que c'était en plus la Hammer qui s'en occupait ce qui avait de quoi réjouir. A savoir que la Hammer avait originellement envisagé d'élaborer une franchise de multiples opus avec l'excellent Peter Cushing toujours dans le rôle d'Holmes qui se serait confronté un à un aux créatures de leurs catalogues fantastiques qui étaient à ce moment-là, très important.


Une proposition alléchante qui fâcheusement ne verra jamais le jour car les fans de l'époque de la Hammer ne concéda pas à l'inexistante de monstres (pas étonnant du tout) dans une production ou justement le détective Anglais était censé les affronter. Finalement si cette saga serait sortie elle aurait été une duplication des aventures de Scooby-Doo Do et de sa bande ou à chaque épisode ils auraient affronté juste des humains déguisés en fantôme et autres diablerie. Quel dommage, si la Hammer s'en serait tenu à ce qu'ils faisaient de mieux on aurait pu avoir une franchise pour le moins palpitante.


Je tiens toutefois à rassurer, en dépit de ce fâcheux défaut scénaristique ce film s'en sort plutôt bien grâce au Génie de réalisation de Terence Fisher qui au mépris d'un budget bien faible réussit à faire des merveilles. Grâce à une adresse de mise en scène atmosphérique indéniable, le cinéaste parvient à introduire un jeu de lumière grâce au reflet lunaire astucieux et habile. Cet ainsi que les décors autour de la lande sont brillamment exécutés, mettant en avant des décors au paysage illustre et gothique où prône un vieux château qui rend le tout sinistre à souhait avec cette lumière qui transperce les ténèbres. Une maîtrise de l'environnement surprenante qui met en place une aura inquiétante durable, appuyé par l'approche révolutionnaire de premier film en couleurs mettant en avant les aventures du célèbre détective.


Les mouvements de caméra sont adroits et éclairés, conférant une ambiance austère particulière surtout sur la fin lorsque les héros finissent par trouver le repaire de la bête qui est superbement illustré avec sa dose brumeuse et se teint verdâtre. En cela, il est à reconnaître que la distribution allié à la technicité de mise en scène, ainsi que cette image graphiquement inspirée d'un tableau suranné vos biens mieux que le développement de la texture du récit, qui souffre de pas mal de lacune et d'un rythme à la fois décousu, et absent d'énergie. La scène d'ouverture représentant un flash-back est distinctement la partie la mieux illustrée et mise en avant du film, tout le travail du réalisateur est démontré dans cette séquence qui donne réellement envie d'en voir plus, et qui est bel et bien dans l'esprit de la Hammer. Seulement, dommage que cela ne se poursuive pas comme ceci tout du long.


Au niveau du casting c'est excellent, en la personne de Peter Cushing qui incarne un Sherlock Holmes charismatique. Son personnage n'est pas le mieux développé à l'écran, mais il est clairement le mieux incarné grâce à une interprétation du comédien marquante et unique. Toujours armé de son incroyable sens de la déduction, même d'une inéluctable cohésion d'esprit aussi bien que d'un caractère assez froid et orgueilleux, il va se lancer dans une enquête contre le surnaturel auquel visiblement il ne croit pas un instant. Il est dommage de ne pas le voir douter au moins une fois de la réalité, il reste impassible devant les hurlements de la bête et tient surtout à découvrir et prouver le vrai du faux. On retrouve tous les gimmicks connus du détective, jusqu'à ses fameuses répliques et son antre poussiéreux parsemé de livre en tous genres, ainsi qu'un échiquier auquel il se livre à une partie visiblement très difficile contre lui-même.


La chose assez surprenante et bienvenue de l'histoire vient de la grande présence de Watson, joué par Andre Morell, qui enfin met en avant un adjoint moins secondaire dont la fonction ne se résume pas qu'à faire rire. Il participe beaucoup à la trame et vient par moments remplacer Holmes. Il est assez représentatif de la force d'action physique de l'esprit grandiose de Sherlock, un contraste intelligent qui apporte un crédit à l'utilité du duo, là où dans le fameux Sherlock Holmes contre Jack l'Eventreur, Watson ne peut même pas prétendre être d'un avantage physique à son comparse lui étant inférieur.


Christopher Lee un habitué d'incarnation monstrueuse au cinéma pour le moins réussi, découvre sous les traits de Sir Hugo une incarnation plus perspicace, fin et profonde que ce à quoi il m'a habitué. Il possède une forte présence qui apporte beaucoup de nuance au récit surtout dans son approche bourgeoise et noble par rapport à la pauvreté soumise de la populace, d'où finalement découle une partie du sens scénaristique. La musique de James Bernard est efficace, accompagnant parfaitement les séquences ""dites fantastiques"". Je regrette un choix de titre plutôt moindre, mais restant de qualité supérieure malgré tout.


CONCLUSION:


Le Chien des Baskerville est une oeuvre techniquement inventive et réussie qui s'apparente plus à une démonstration graphique et atmosphérique du cinéaste Terence Fisher plutôt qu'une envie réelle d'illustrer une histoire complète qui s'avère pour le coup peu captivante et émouvante. Le film reste tout de même de bonnes factures et met en avant une distribution excellente, il est cependant à regretter un manque d'imagination et d'originalité devant un affrontement qui promettait d'être grandiose mais qui se révèle finalement très terre à terre, un comble pour la Hammer .
Le long métrage vos selon moi un 6/10 ce qui est déjà pas mal, mais je vais laisser ma nostalgie ce mêler un peu à mon avis et je lui donnerais donc un 7/10.

B_Jérémy
7
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le 17 nov. 2018

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