Celui qui touche à Bubo, je lui colle Méduse aux fesses
Dans la série "amateur de mythologie tu seras", après Jason et les Argonautes, un petit bond en avant dans le temps nous mène, grâce aux bons soins de Pégase, en Argos. C'est que nous croisons la belle Danaé, la superbe Andromède, que Zeus joue avec les Mortels et qu'un dieu plus grand encore, Ray Harryhausen, achève de nous émerveiller.
Les années 80 marquent un tournant dans les effets spéciaux ; SW est passé par là, Alien aussi, les images se synthèses ne vont pas tarder et le stop-motion qui anima les squelettes affrontant Jason vit ses derniers instants. Le film sort donc dans une époque où il paraît presque suranné, anachronisme troublant d'une époque qui, bientôt, ne jurera plus que sur les robots, les monstres et, presque pire par moment, les fond verts en attendant la 3Dé.
Et bien vous savez quoi, Cronos s'en fout. Le choc des Titans appartient à cette catégorie, rare, des films intemporels qui ne peuvent vieillir. Il est plein de charme, touchant, terrifiant, fantastique. La mythologie est ici déclinée pour offrir une histoire classique, le beau guerrier partant à la conquête de sa dulcinée, dans un monde merveilleux. Le casting des Olympiens est juste : Lawrence Olivier campe un Zeus parfait que Maurice Druon a/aurait sans doute apprécié. Ursula Andress en Aphrodite, même si c'est pour un rôle mineur, que dire si ce n'est que nous sommes proches de la perfection.
Vient le cas du héros, le beau Persée. Ce que j'apprécie particulièrement, et c'est aussi l'une des critiques qui reviennent souvent, c'est le côté parfois assez gauche de Harry Hamlin. Quel bonheur de ne pas se taper un héros parfait qui fracasse tout. Quel bonheur de voir ce Persée, tout simplement jouet de puissances qui le dépasse. La séquence de la découverte de ses armes pourraient être ridicules, si Burgess Meredith n'était pas là pour nous rappeler que nous sommes dans un théâtre ...
Mais, plus que ces acteurs, plus que cette superbe Andromède (Judy Bowker) sortant du bain et émoustillant le jeune spectateur qui découvrait le film un soir de dernière séance sur FR3 en ces années 80, ce film est une touchante réussite pour tout le reste. Pour le scénario qui parvient à faire tenir de multiples mythes contradictoires en une fable cohérente. Pour le personnage tragique et au final attachant de Calibos. Pour ces créatures fantastiques qui se meuvent de manière parfois saccadée, mais tellement plus convaincantes qu'un truc pixélisé qui saute partout. Oui, le Kraken a quelque chose de ridicule. Oui, le vautour de Calibos n'a rien de génial. On s'en fout. La magie opère pour peu que l'on sache se laisser aller.
Ce film tient presque sur 2 clés : Méduse, terrifiante, incomparablement plus dérangeante que celle qui prendra sa suite 20 ans plus tard. Ensuite Bubo, trouvaille géniale, R2D2 doré, décalée, jubilatoire.
Un vieux film dont le kitch et la désuétude touchent. Ici, c'est le merveilleux, une histoire intemporelle et le charme. Ici on n'est pas là pour se gaver de fric et de pixel sur fond vert. Ici, hors du temps, dans les bras de Cronos, nous sommes là pour retrouver cette part de merveilleux sans qui le cinoche serait bien fade.