Choisir d'être ou de n'être pas ...
S'aimer c'est partager un idéal commun: celui d'une vie que l'on va suivre à deux où la question d'élever un enfant se posera certainement. Et, dès lors, quelles valeurs lui inculquer ?
Se reconstruire après une guerre, un conflit, un drame, c'est tenter de s'accrocher à la vie, continuer et parfois sombrer dans des dérives parallèles (alcool, drogue)...
Se réfugier c'est trouver quelque part un coin que l'on pense paisible, un endroit que l'on imagine meilleur, un discours qui nous touche quitte à aller trop loin ...
Amar passe de l'alcoolisme à l'intégrisme quand il retrouve un camarade de guerre lors d'un accident. Dès lors son ydille, déjà franchement entamé par l'alcoolisme duquel il tente de se sortir, est brisé. Luna, sa compagne, est effrayée par son choix, prête à le soutenir et à l'aider à sortir de sa déchéance, elle finit par ne plus le reconnaître quand il se met à proférer des phrases toutes faîtes qu'il lit dans des textes religieux, à refuser de serrer la main aux femmes ou encore à célébrer des mariages polygames avec de jeunes mineurs. Elle qui porte tant d'importance au corps va perdre peu à peu pied face à un homme qui finit par ne plus la désirer par peur du péché, le film commence alors qu'elle filme son visage avec son portable. Un début aussi beau que déstabilisant,
Choisir c'est être radical, c'est laisser de côté un des pôles pour si'nvestir totalement dans l'autre quitte à renoncer à ce qu'on a de plus cher. Faire le chemin vers l'autre, c'est reconnaitre une déviance, une erreur, tenter de la réparer, de s'en sortir autrement. On ne sait jamais quel est vraiment le choix définitif de Luna, fin ouverte donc et c'est tant mieux.
Filmant la conversion éclaire d'Amar sans vraiment la juger parce que se plaçant devant le regard à la fois perdue et dénonciateur de Luna, personnage traitée avec douceur et force, beauté et conviction, la réalisatrice ne tombe jamais dans l'islamophobie facile, dans la démonstration trop simple, elle montre juste un état des choses face à une poignée d'hommes et de femmes (ont-elles le choix ?) qui se tourne vers une croyance, une communauté qui leur donne des repères là où ils semblent avoir disparu dans la société. Il n'y a donc ni condamnation, ni complaisance juste un regard qui constate que nos dérives sont portées par nos souffrances ... Effrayant...