Don jouant
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Persuadé, à sa mort, que se place est en Enfer, "là où tant de gens l'avaient déjà envoyé", Henry Van Cleve (Don Ameche) est reçu par le Diable en personne. Bien qu'un peu débordé, Son Excellence prend le temps d'écouter son locataire potentiel lui narrer son existence, afin de s'assurer qu'il mérite bien d'éternels tourments. "Le meilleur moyen de vous raconter l'histoire de ma vie est peut-être de vous parler des femmes de ma vie", indique le récent trépassé à la fin de cette très amusante introduction chez Satan. Et le vieux Van Cleve de dérouler le fil de son histoire.
Né dans une richissime famille new-yorkaise, Henry est élevé par des femmes : sa mère, sa grand-mère, sa bonne française. Malin et jouisseur, il apprend vite à profiter des plaisirs de la vie, de l'ivresse du vin, du jeu, et surtout du sexe opposé. Mais le séducteur fêtard et hâbleur se mue en amoureux transi lorsqu'il rencontre Martha Strabel (Gene Tierney). Fille d'un couple d'industriels du Kansas, l'exquise jeune fille devient la femme de sa vie. Le reste de l'existence d'Henry se conjuguera avec celle de sa douce épouse, entre paisible bonheur domestique et menus écarts de conduite...
Pour l'un de ses tout derniers films - son premier en TechniColor - Ernst Lubitsch livre une nouvelle partition magistrale dans son registre de prédilection : la comédie de mœurs. Distillant au passage quelques piques bien senties sur la haute société new-yorkaise qui sert de toile de fond à Heaven Can Wait, le réalisateur d'origine autrichienne brosse, dans cette grande fresque familiale s'étalant sur une soixantaine d'années, des portraits plein de bienveillance. Admirablement interprétée, cette comédie délivre un message repris, trois ans plus tard, par le chef-d'œuvre de Frank Capra, La Vie est belle : le bonheur, ce sont les autres, les petites choses, la quiétude du quotidien. "Le mariage n'est pas un toboggan, c'est un havre de paix pour deux êtres raisonnables", résume le cousin Albert. Ce n'est qu'après avoir franchi le seuil de la mort que l'éternel enfant Henry réalisera pleinement qu'il a goûté, plus qu'à son tour, à cette félicité domestique ; mais surtout qu'en dépit de ses petits égarements coupables, il a largement contribué à rendre les siens heureux.
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le 18 déc. 2016
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3 commentaires
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