Henry Van Cleve vient juste de mourir. Persuadé d'avoir péché durant toute son existence, il va voir le Diable en personne pour lui demander son admission en enfer. Cependant, le Diable est loin d'être le démon rouge à la langue fourchue décrit dans le mythe de Faust. Ici, il n'est qu'un simple directeur d'administration gérant les dossiers des défunts avec tout le sérieux qu'incombe une telle tâche. Dans son bureau, véritable monument érigé à la gloire de la bureaucratie moderne, il va donc écouter l'histoire de la vie de Van Cleve pour juger si ce dernier mérite ou non de plonger dans les flammes de l'enfer.


Partant d'un postulat des plus originaux, Le ciel peut attendre se révèle être un film touchant racontant la vie d'un coureur de jupons invétéré. Si ce dernier eut de nombreuses conquêtes, l'intrigue met cependant l'emphase sur sa relation avec la femme de sa vie, Martha, incarnée par la superbe Gene Tierney. Nous suivons donc la vie de Henry, de sa tendre enfance à sa mort, en passant par sa vie de couple tumultueuse avec Martha. Comme dans toute existence, il y a des hauts et des bas, des moments de bonheur et des moments de drame.


S'inscrivant donc dans la veine du mélodrame, le film parvient toutefois à éviter les écueils propres à ce genre, à savoir un aspect tragique parfois outrancier. Cela est dû au talent de Lubitsch qui apporte à l'ensemble des scènes un ton léger, n'atténuant cependant en rien le drame inhérent à celles-ci. Cette ambiance est d'autant plus pertinente qu'elle colle parfaitement au message du film voulant qu'il ne faut pas trop prendre au sérieux la bonne morale mondaine. D'ailleurs, Lubitsch s'amuse tout au long du film à se moquer gentiment de cette bourgeoisie ennuyeuse, à coup de touches d'humour et de dialogues savoureux.


Touchant et drôle à la fois, Le ciel peut attendre se révèle être un film ayant le pouvoir d'émouvoir n'importe qui, même le Diable.

Watchsky
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le 10 janv. 2016

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