Le cinquième élément, c'est un pan de mon adolescence. Ce sont des après-midi de visionnage en boucle avec, toujours, des fous rires au rendez-vous. C'est un film que je connais tellement par cœur que je suis incapable de le regarder en VO (c'était une cassette à l'époque et les puristes pourront hurler tant qu'ils voudront, ils ne m'empêcheront pas de penser que la VF a nettement plus de peps).
Je l'ai revu vendredi pour avoir les idées fraîches sur le sujet et ne pas me laisser entraîner par la nostalgie des souvenirs. Eh bien, j'ai passé un excellent moment : avec ce qu'il faut d'éclats de rire, de frissons et d'émotions. Certes, une partie des effets spéciaux a salement vieilli (mais dans Star Wars également, et ça n'enlève rien à son côté culte). Certes, il y a des incohérences et des facilités (comme dans tout bon film d'action). Certes, le scénario est facile : le gentil tombe amoureux de la gentille et, ensemble, ils bottent le derrière du grand méchant (à savoir ici : une planète). Et pourtant, je serai bien en peine de mettre une note en-dessous de la moyenne à cette œuvre de Luc Besson.
Les acteurs sont excellentissimes. Que ce soit Bruce Willis en ancien militaire bourru et pataud face à celle qu'il aime. Milla Jovovitch en être innocent tout juste sorti de son œuf, qui découvre les bons et mauvais côté de la vie. Ian Holm en prêtre sautillant, prêt à toutes les excentricités pour exécuter sa mission première. Ou encore Chris Tucker en animateur de radio hybride et survolté qui me fait toujours hurler de rire. Et puis une mention très particulière à Gary Oldman qui - au-delà du fait d'être un de mes acteurs fétiches - joue ici une partition fantastique avec ce méchant sarcastique et boiteux ayant fait un pacte avec le diable qui va lui faire complètement fondre un boulon (dixit cette scène formidable où il passe du rire aux larmes en un rien de temps lorsqu'il découvre que le coffre ne contient pas les pierres tant recherchées).
Puis à ça s'ajoute la musique d'Eric Serra, indissociable du film. Les deux ont, pour ainsi dire, été cousus ensemble, comme l'attestent toutes ces scènes où dialogues et mouvements des acteurs suivent les accords du compositeur (le "Pli-aize" de Leeloo quand elle tente de convaincre Korben de fuir la police ou l'enroulement provocateur des doigts de la même Leeloo sur la Lucia di Lammermoor de la Diva). Et avec les morceaux qui restent, on baigne dans des ambiances très diverses - le raï côtoie le piano - qui sont à l'image de la société créée par Luc Besson. De plus, jamais une photo de champignon atomique ne m'aura autant tordu les tripes que dans ce film.
Certains reprochent le manque de sérieux de celui-ci. Pour moi, ça a toujours été la volonté du réalisateur : celui de nous plonger dans cet univers bigarré par le truchement de l'absurde. Quand on voit que la réplique de Willis qui fait le titre de cette critique est parfaitement acceptée par les policiers lorsqu'ils lui demande s'il est de type humain, il n'est pas nécessaire d'avoir fait Sciences-Po pour saisir que le film va surfer en permanence sur ce ton décalé, où le second degré est le maître mot. De toute façon, dès qu'on aperçoit le nom de Jean-Paul Gaultier au générique pour les costumes, il ne faut pas s'attendre à de la SF mature et sombre à souhait. Le cinquième élément, c'est du Space Opéra à plein tubes où la dose d'humour n'a d'égale que celle d'actions. Ce film est là pour divertir le public tout en apportant quelques réflexions à droite et à gauche, mais rien de trop lourd qui pourrait gâcher la fête. Personnellement, je m'amuse autant à voir cette fresque que Luc Besson a dû s'amuser à la faire naître.
Bref, ce film recèle trop de scènes mémorables et de répliques inoubliables que je ne peux que lui mettre une bonne note.