Etonnante parenthèse que ce film dans la carrière, coincé entre les temps forts Un tramway nommé désir, Viva Zapata et, après lui, Sur les quais et A l’est d’Eden : une petite escapade du côté de l’Europe de l’Est, ces fameux pays étrangers (ici, la Tchécoslovaquie de 1952) où tous les habitants on le bon goût, sous la férule hollywoodienne, de parler anglais.
Kazan aborde ici avec empathie la question de la migration politique, et il est évidemment difficile de ne pas faire de liens avec son embarrassante participation aux heures sombres de la liste noire à Hollywood.


L’intrigue reste néanmoins convenue et le film mineur, même si certaines idées parviennent à insuffler un peu d’énergie au récit. La figure centrale du directeur se voit ainsi à la croisée de nombreuses influences, la plupart adjuvantes : entre le concurrent, sa fille amourachées d’un expatrié américain, et sa femme qu’on croirait sortie d’un film noir, le méprisant et allant jusqu’à saluer le retour de sa virilité lorsqu’il la gifle, le programme est chargé. On peut néanmoins s’interroger sur la cohérence de l’ensemble, un peu trop romanesque, alors que le film s’interroge sur une actualité brûlante passée ici par le filtre de ressorts assez convenus.


C’est sur la thématique du cirque que le récit offre quelques passages intéressants, et qui auraient indéniablement dû être creusés. La rivalité complice avec l’autre directeur, allant jusqu’à mettre en scène leur conflit pour s’en sortir est un élément intéressant, tout comme cette parade finale saturée de tension, où se joue, sous les ors du spectacle, un cap décisif au-delà du rideau de fer.
Face aux trahisons, à la pression, le monde de l’illusion qu’est le cirque se trouve ainsi le vecteur de valeurs inaliénables. Une profession de foi pour Kazan qui, malgré l’infamie, poursuit une carrière dans laquelle le meilleur, heureusement, reste à venir.

Sergent_Pepper
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le 4 juin 2019

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