Le Clan
6.1
Le Clan

Film de Gaël Morel (2004)

Spoilers en pagaille. Et partout. Attention. Le Clan est un film qui s'intéresse au destin de 3 frères. S'il présente une unité commune (chaque frère se retrouve confronté à un moment de sa vie où il a un choix à faire, un choix qui sera décisif pour le reste de sa vie) et qu'on retrouve les mêmes thématiques (mais aussi les mêmes défauts, certains seconds rôles ne jouent pas très bien), le film a une grande inégalité en terme de qualité selon les parties. Le premier personnage sur lequel le film est centré est celui de Marc. C'est le frère du milieu. Il méprise le plus petit, idolâtre le plus grand. Son histoire est en fait répartie sur les 3 parties. La première des parties, sur lui, sert surtout à présenter un peu le cadre. Mais c'est aussi dans celle là que le nœud de l'histoire de Marc se joue : après une altercation - où son chien sera tué - le jeune homme veut se venger. Le personnage ne parviendra jamais à passer outre cette histoire - ou plutôt, il y parviendra mais trop tard -, d'autant plus qu'il est déçu par son frère aîné qui n'ira pas l'aider dans cette vengeance. Le réalisateur le filme en permanence comme un être instable, aussi bien mentalement que physiquement (il est toujours en action, il tombe, il se bat...). Alors qu'il s'apprête à se venger, il tourne le volant de la voiture - censée tuer son rival - au dernier moment. Mais il rentre dans un arbre et ressort grandement paralysé. La seconde partie s'ouvre avec le personnage de Christophe. C'est le plus grand des frères. Il sort de prison et c'est finalement en prison qu'il aura muri sa réflexion d'évoluer et de grandir. C'est, je trouve, le personnage le moins intéressant. La seule chose que je trouve intéressante dans son personnage c'est qu'il est à la fois présenté comme une sorte de modèle de réinsertion (travail, sérieux, copine qui a l'air sympa...) mais qu'à la fois il se révèle être d'une brutalité vis à vis de ses frères (et surtout de celui du milieu). Jamais il ne prendra la peine de l'aider à aller mieux, il se contentera de le blâmer, toujours. Il est devenu complètement égoïste suite à son séjour en prison, il ne se concentre plus que sur sa réussite. Celle des autres l'importe peu. C'est la partie un peu creuse du film à mon avis. Enfin la troisième partie s'intéresse au jeune Olivier. Le personnage est intriguant. Il n'aura de cesse de chercher l'amour et le respect de son grand-frère Marc (c'est lui qui lui propose de l'aider pour sa vengeance, lui qui va chercher du secours lorsqu'il tombe, lui qui l'accompagne à la gym, lui qui lui coupe la viande...) et je crois qu'en fait le film est magnifique dans cette troisième partie. Tout le reste du film aurait pu être jeté (oui, oui, jeté) et on aurait pu ne garder que cette troisième partie et en faire un film (car la troisième partie dure 20 minutes). C'est étonnant car le sujet est complètement fastoche : le mec est en gros balancé entre sa famille et son homosexualité. Mais il n'est jamais facile ou idiot sur cette troisième partie. Il est vraiment magnifique. Cela est du au fait que depuis le début du film on voit cet amour entre Olivier et Hicham (qui ne sera donc confirmé que lors de cette troisième partie) mais que cette troisième partie nous contera en fait leur séparation, sans nous l'expliquer (jamais on ne les verra s'engueuler, jamais on ne les verra s'intéresser à un autre). Et lorsque Marc choisit d'évoluer en fait, il fait le "mauvais" choix : il préfère rester "fidèle" à sa famille, qui le traite beaucoup moins bien, que rester avec son copain. Le film a une grande brutalité parce qu'il nous montre vraiment des choses magnifiques et magiques entre les deux protagonistes qui sont quand même les deux personnages les plus attachants du film, et l'instant suivant, il nous renvoie les personnages dans la médiocrité (surtout celui d'Olivier). Et puis la mise en scène de Morel qui était pendant tout le film assez proche d'un cinéma social était tout d'un coup beaucoup plus apaisée et lyrique lors de la troisième partie. On sentait une envolée, réelle, et dès qu'on revient sur la famille, tout est fini. Et ce que propose Morel marche complètement, j'avais envie d'entendre la sonnette de la famille, j'avais envie qu'il parte, j'avais envie d'une autre fin. Mais le film revient de façon très logique à ses débuts, sur l'histoire de 3 frères et qui ont cherché à s'échapper de leur condition mais un seul parviendra - le film s'arrêtera là dessus : un s'en va du foyer, le grand-frère. Marc n'a évolué que trop tardivement et Olivier n'a pas fait le choix qui lui aurait permis de se sortir de sa situation. C'est un film vraiment pessimiste. Il en ressort un film très inégal, mais il a des moments très beaux et c'est eux que je retiendrai, j'ai été vraiment happé par moment et touché.

HenriMesquidaJr
7
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le 2 sept. 2017

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HENRI MESQUIDA

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