Une affiche pour la postérité. Pour le reste...

Dîtes, ça m'a plutôt déçu moi.
Sur le papier, pourtant, dieu que ça en jette. On sert du caviar à la louche et y'a du rab pour les plus gourmands. À la base: un roman populaire de l'époque écrit par Auguste le Breton. À la prod': 21th Century Fox. Derrière la bobine: Henry Verneuil (dixit "Un Singe en hiver"). Aux platines : DJ Morricone. En piste : l'aussi fringuant qu'insupportable Alain Delon himself, le patibulaire Lino - viens par là prendre ta rouste - Ventura et le crépusculaire Jean Gabin. Là, le projet est posé. On est au pied des Alpes.


Concernant l'histoire, Alain "moi je" Delon, criminel notoire, parvient à s'échapper durant son transfert au mitard. L'ami Ventura, plus jovial que jamais, le prend en chasse alors que Gabin, chef des Siciliens et bandit émérite, accueille le malfrat. Jamais avares de plans foireux, les deux comparses décident alors d'intercepter un convoi de bijoux. Vlan, ça sent le souffre.


Le film a été un succès colossal de par chez nous: il se classe 3ème en box office français en 1969, avec prés de 5 millions de spectateurs dans les salles. Tourné en trois langues différentes (français, anglais et italien) pour séduire notamment le marché américain, il n'y rencontrera toutefois pas succès escompté.


Et à juste titre. Outre l'absence de confrontation entre les trois protagonistes, le film manque terriblement de dynamisme et de liant. Si elle instaure un temps soit peu de stress et de suspens, la scène du détournement et de l'atterrissage de l'avion occupe massivement la seconde partie du film et lasse. On peut comprendre l'emballement de Verneuil et des producteurs pour une scène résolument ambitieuse pour l'époque... Mais, point s'en faut de l'action, on attend du regard nerveux, de la joute verbale, de l'épaisseur bon sang ! Au fond, on aimerait tellement voir s'installer plus de tension dans les rapports Gabin/Delon ou comprendre un peu plus les motivations profondes de l'inspecteur Ventura.


Autre point noir, la fin bancale, bazardée et faussement larmoyante qui s'achève sur une question du petit fils à Gabin: "Papy, tu manges à la maison ?" / "Non, pas ce soir".


Me reste aussi tragiquement en mémoire, une scène, pourtant capitale, où Alain - le magnifique- Delon tue une anguille avant de se faire ouvertement draguer par une femme mariée: "Je n'ai jamais vu un homme tuer un poisson comme ça"... "Alors, tu n'as rien vu" lui répond le pécheur impétueux.


Reste les acteurs, reste leur gouaille et l'affiche du film qui orne le mur de ma cuisine.

Temssa
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le 5 janv. 2017

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Temssa

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