Le grand argument du Cobaye à sa sortie est aujourd'hui le coup de grâce porté à cette espèce d'humble et tapageuse bullshit visionnaire pas si loin de L'Extraterrestre des Inconnus. Bien qu'ils lui valurent en 1991 une nomination assez naturelle aux Saturn Awards, ses FX étaient déjà d'une ringardise à toute épreuve une décennie après sa sortie et rivalisent de laideur. La manière de concevoir le virtuel, précisément comme réalité augmentée, est traitée de façon peu lumineuse et sur la forme tient du jeu vidéo primitif et dégueulasse : toutefois, pas de façon déraisonnable par rapport aux produits alors disponibles.
Néanmoins cette ambitieuse production New Line reste un pur film bis avec une certaine propension au ridicule. À l'époque, c'est un vrai trip selon les spectateurs, même s'il obtient déjà des critiques narquoises ou dépitées. Les personnages sonnent nanar sarcastique, avec Pierce Brosnan en scientifique asocial (piètre rôle, quatre ans avant de connaître la gloire avec James Bond) testant son projet sur l'attardé du coin, exploité par un curé dégénéré. Le Cobaye donne la sensation d'assister à une espèce de Melrose Place investi par des apprentis sorciers ou encore de Sorcières d'Eastwick tourné par des pré-ados illuminés et passablement stone. C'est un peu navrant bien qu'il y ait ce côté serial 80s-90s franchement sympathique.
Il y a bien ce côté visionnaire discount et précieux à la fois, renvoyant à la genèse d'Internet, jouant sur la nature de l'Homme et sur ses particules. Surtoutle spectacle est d'un premier degré absolu (mais superficiel), avec bande-son lyrique et atmosphère limite mystique de téléfilm new age friqué. On peut en profiter comme d'une petite fantaisie, un espèce de cousin de Johnny Mnemonic sachant parfois s'envoler ; ainsi, la séquence avec Marnie arrive à approcher le plaisir coupable. Une direction claire manque mais la mutation de l'espèce de triso lucide en nouveau monstre est très réussie : voilà un mélange entre le boogeyman, Edward et le Terminator.
Malheureusement le sujet n'est pas là mais bien dans le délire amphigourique proprement SF, mais les fantasmes autour de la science folle sont bien infructueux : Le Cobaye est trop bête, alors il s'arrête à temps mais le coup est d'autant plus superflu. C'est pittoresque mais quand même gênant, un peu comme Highlander, sauf que celui-là est devenu simplement culte, quand Le Cobaye est apprécié avec des circonvolutions. Brett Leonard le clipeur se lance en tout cas dans une carrière de réalisateur opportuniste, qui l'amènera à fuir en Australie ou en Europe pour tourner l'inénarrable Feed ou d'autres produits improbables et putassiers.
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