Un an avant l’excellent Scarface, Hawks tourne Le Code Criminel, qui vivra dans son ombre.
À l’ombre justement croupissent les prisonniers, dans des cellules étroites où ils remâchent leur peine, sous un espoir tenu qui menace de céder sous la folie – jouer, se divertir pour ne pas y penser, comme le préconisait Pascal. Ces moments de solidarité carcérale et de désespoir donnent lieu aux meilleures scènes du film, tant grâce au splendide clair-obscur qu’à la profondeur psychologique voire philosophique du portrait. De même, Hawks ouvre une réflexion pertinente sur l’arbitraire, le jugement et la justice, principalement à travers le personnage du procureur Mark Brady, mais aussi des prisonniers dont chacun rêve au fond de rétablir l’équilibre, en punissant le punisseur, en vengeant une injustice ou en tuant une balance. Le personnage de Ned Galloway, le barbier, (campé Boris Karloff qui jouera le monstre de Frankenstein, certainement grâce à sa prestation dans Le Code Criminel) glaçant à souhait avec son rasoir affûté et sa hargne bien trempée, incarne ce besoin de justice du pauvre et de l’impuissant : la vengeance - alors que la Loi, elle, réside du côté des dominants qui l’appliquent parfois plus par devoir que par conviction.
Cependant, tout n’est pas aussi recherché ailleurs dans le film. L’action souffre de nombreuses invraisemblances, comme la suicidaire descente du directeur de prison au milieu de la cours parmi des captifs révoltés, l’amitié de celui-ci avec de patibulaires reclus, l’improbable acquiescement du père face à la demande de sa fille, pour ne citer que celles-ci. L’histoire d’amour est cousue de fil blanc et n’a de raison d’être que commerciale. L’assassinat est d’une assez ridicule théâtralité. Les dialogues sont parfois redondants et le rythme lors de l’enquête assoupissant.
Quoiqu’il en soit, Le Code Criminel apporte un regard critique sur la prison et ses effets dévastateurs, sur une Justice parfois aveugle, proposant ainsi un traitement plus humain du prisonnier.