Une oeuvre méconnue dans la carrière de Miklos Jancso... On jurerait assister à une relecture cinématographique du Hamlet shakespearien, le style immédiatement identifiable du cinéaste en plus : longs plans-séquence habilement construits, avec une utilisation très maîtrisée de l'amorce et du second plan ; scènes de chants folkloriques, rythme à la fois soutenu et redondant, thématique du pouvoir et de la soumission. La mise en scène de Jancso est une nouvelle fois remarquable, fluide et même assez grisante en définitive.


Un malheureux hic se présente pourtant lors de la projection du Coeur du tyran : au-delà de cette intrigue intemporelle de filiation mâtinée de barbarie et de violence morale le long métrage de Miklos Jancso semble cruellement tourner à vide, remplissant le temps à renforts de mouvements de caméra certes tout à fait virtuoses mais aussi proprement creux, vains, inconsistants. L'ensemble se laisse suivre dans un mélange d'admiration et d'indifférence régulière ; il est évident que la technique et la cohérence narrative du film sont indiscutables, mais cet étrange film historique tourne rapidement à la mise en abîme lourde, au grotesque bien entendu assumé mais plutôt rébarbatif au final. Miklos Jancso distancie son propos dès le prologue de son film, présentant la destinée de l'héritier royal comme une gigantesque mascarade qu'il faudra résolument élucider.


Le Coeur du tyran est un film ayant le petit mérite d'être difficilement visible, curieuse rareté cinématographique tout à fait représentative de l'Oeuvre de Miklos Jancso... Dommage que le scénario manque autant d'aspérités, et ce malgré l'inspiration shakespearienne. Un film à la fois imposant, lourd, répétitif et décevant.

stebbins
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le 9 nov. 2015

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