Panne de coeur

Je ne sais trop quoi dire sur ce film. L’histoire est sensible, parfois touchante ou prenante, mais il y manque l’essentiel sans doute, l’empathie. Car au final, on comprend assez mal ce qui motive Alice à entamer ce périple, ou ce pèlerinage. De ce frère disparu, ne subsiste semble t-il pour elle que du dépit, non par rapport à lui, mais par rapport à elle-même. On la sent bien en crise identitaire, la quarantaine aidant, mais cela reste superficiel. Et ce n’est pas de la juxtaposition de ces scènes plates ou redondantes que sourdent le moindre indice.

Alors qu’elle se trouve dans un lieu sensé être chargé d’émotions, où se sont croisés tant de destins cruels, son côté végétatif laisse à penser qu’elle aurait pu très bien se faire pareille retraite sur son petit pont de banlieue, ou à Knokke le Zout (je n'ai rien contre cette station balnéaire mais j'adore le nom !). L’intériorité reste de façade, comme en bord de falaise, elle en vient même à passer à côté de Daïsuke, le sauveur d’âmes et d’hommes.

Une chose est sure, le titre et particulièrement bien choisi. Alice ne risque ni tachycardie ni l’arythmie. Plus sérieusement Isabelle Carré fait le maximum pour la faire vivre et elle est plutôt convaincante. Elle retrouve son niveau de jeu d’il y a bien longtemps (« Le refuge » entre autre) et je me reprends à l’apprécier.

Mais hélas cela ne suffit pas à faire de ce film une œuvre qui restera en mémoire, Vanja d’Alcantara est passé à côté de son sujet, maniérisme des plans, sophistication des scènes, elle se fait plaisir, et ne partage rien.

Peut-être aussi faudrait-il que les réalisateurs arrêtent d’adapter Olivier Adam au cinéma, car après tout, une graine d’ortie, n’a jamais produit de rose…