Nouveau film du metteur en scène argentin Marco Berger, pilier du cinéma LGBT. Ayant suivi son parcours et vu tous ses films depuis le premier Plan B, Le colocataire (Un rubio, un blond, en V.O.) est sans doute le plus réussi et le plus touchant. Tous les thèmes récurrents du réalisateur (aussi scénariste, monteur et producteur) sont là et en premier celui du désir. Voilà une histoire d'amour, entre des garçons que tout oppose, qui ne dit pas son nom. D'une mise en scène épurée et minimaliste à un scénario finement et intelligemment écrit, accouche un récit aussi simple qu'émouvant, dur et réaliste. Avec un dénouement (plus ou moins) attendu, sur une touche très mélancolique, tout autant que pleine d'espoir, où ce n'est pas forcement celui qu'on attendait qui va s'épanouir. Les deux personnages, l'un aussi taiseux que l'autre est bavard, sont magnifiquement dessinés, coincés entre leurs désirs et les conventions. Ils sont impeccablement interprétés par les très beaux et charismatiques Alfonso Barón (danseur et comédien, première apparition à l'écran ici) et Gaston Re (déjà dans Taekwondo, et producteur ici). Et pour ne rien gâcher, les images sont sublimes. Une réussite totale donc, tant sur le fond que sur la forme.
De silences en regards et en non-dits, un film sensuel, subtil et sobre, aussi bouleversant que déchirant. Mais tout autant que social, portrait d'une certaine Argentine d'aujourd'hui, où, comme beaucoup de pays encore, il n'est pas simple de vivre son homosexualité. Une délicate et très belle émotion. Le plus beau film de son auteur et l'un des meilleurs de l'année.