A même pas 43 ans, le cinéaste argentin Marco Berger s'est déjà forgé une belle réputation d'explorateur sensible du désir, gay le plus souvent, avec notamment Plan B et Mariposa, une petite merveille encore inédite dans les salles françaises. Le colocataire est cependant une nette déception dans sa filmographie (avis évidemment subjectif). L'une des raisons en est l'aspect répétitif de son scénario qui enregistre le quotidien fastidieux de ses deux protagonistes principaux, a priori hétéros (ma non troppo ?), aimantés par un coup de foudre amoureux. Leur vie se passe entre la menuiserie où ils travaillent, les trajets en métro et les nombreux moments passés, une bière à la main, devant la télévision. Peu de dialogues et de longs silences (forcément signifiants) et des jeux de regards (assurément expressifs). L'aspect social et familial, hostile aux liaisons homosexuelles, fait de son côté l'objet d'une seule brève scène. Certains objecteront que ce sont justement les non-dits qui font la subtilité du film mais le peu de paroles échangées et leur singulière banalité contredisent cette assertion (il y est surtout question d'aller chercher une bière, oui encore). Gaston Re, qui incarne le Rubio (blond) qui donne le titre original au film, possède une unique expression faciale durant toute la durée du long-métrage, ce qui, on en conviendra, ne permet guère de faire naître de grandes émotions. Et pourtant, dans l'ultime scène, lors d'un échange entre un père et sa fillette (la meilleure actrice du film, et de loin), cette émotion apparait et illumine l'écran. Il est un peu tard, hélas.