Après avoir souvent collaboré avec Raizo Ichikawa, Misumi reprend les rênes de la série, ce qui peut se percevoir dans l'orientation plus engagée de ce second volume. Une fois de plus Misumi place son héros du côté des "faibles" face à un pouvoir corrompu, usant sans scrupule de complots. C'est même parfois complexe à suivre puisque reposant sur des faits historiques assez précis.
Ca permet surtout d'offrir un nouveau visage à son (anti)héros qui dévoile un visage plus humain, surtout moins unilatéral, comme pour corriger sa dimension froide du premier épisode. Sa bienveillance s'exprimera ainsi indirectement quand il met en place un petit stratagème pour soutenir l'orphelin au début du film, quand il surveille les déplacements du fonctionnaire et il se mettra même à sourire face à une serveuse, pleine de spontanéité, amoureuse de lui.
Pour autant, il se montre toujours aussi déterminé et implacable face aux événements, rejetant des possibilités de bonheur et de stabilité qu'il devine impossible. Il y a presque comme un fatalisme qui pèse sur son caractère, évoqué par ses sautes d'humeur quasi quotidienne, dépendantes de sa contrainte d'avoir du tuer un homme ou non.
Les personnages gagnent en épaisseur, y compris ceux féminins qui sont à ce titre un peu plus intéressants, surtout la rivale de Nemuri.
Le contexte socio-historique prend parfois le pas sur le divertissement et n'évite pas longueurs très dialogués ou quelques problèmes de structures avec la disparition de certains personnages (comme l'orphelin qui sera évacué au bout de 30 minutes). Pas de tunnel non plus, grâce à ses comédiens, à l'alternance des scènes légères et plus graves. La tension est souvent présente aussi et donne lieu à une efficace scène de suspens avec un duel au sabre truqué. S'il y a peu d'action, le final est excellent, assez long et exploite parfaitement le décor naturel, mettant Nemuri Kyoshiro face à de nombreux adversaires.
La réalisation de Misumi fait preuve d'une belle assurance dans sa narration et l'approche de ces personnages, injectant une certaine sensibilité. C'est un peu plus traditionnel que le premier volet mais c'est d'un classicisme à toute épreuve, avec des plans d'une élégance remarquable.
Et on sent que pas mal d'éléments sont en train de se mettre en place pour la suite de la série (surtout le passé du Nemuri).