Le comte est un gâchis monumental.
Servi par une photographie sublime, un noir et blanc somptueux, ce récit onirique qui tend à caractériser Pinochet comme l'éternel vampire, être manipulateur et opportuniste qui prospère à chaque révolution se trouve miné par cette incessante voix off britannique.
Si au départ son ton caustique souligné par un sublime accent de la upper class britannique peut faire sourire, à mesure que les minutes s'égrènent, que l'introduction passe, on remarque que cette voix off prend le pas sur la réalisation.
Cela me fait un petit peu penser à cette scène bien connue de Jimmy Neutron où un personnage tomber du sel par terre et l'insupportable héros nous dit qu'il y a du sodium chloride sur le sol. Cool story bro, j'aurais pu le savoir sans que tu me le dise, pire, tes interventions incessantes me coupe de l'action, oriente mon regard sur un film qui ne veut pas donner toutes ses clefs. J'aime la caractérisation de Pinochet en vampire, j'aime voir ce conspirateur prendre une figure plus grande que lui même, de faire du mythe une légende... Mais la métaphore tombe à plat du moment qu'on la décortique, elle perd de sa saveur.
Je ne connais pas vraiment tous les étapes qui ont conduit à la réalisation de ce film, à vrai dire je n'ai pas envie de chercher, il semble apparent cependant que cette voix off a été rajoutée a posteriori, fruit d'un conseil toujours éclairé de Netflix qui prend son audience pour des cons.
Bref El Conde est à l'image de la présidence d'Allende, une belle promesse, un espoir pour les cinéphiles de tous les pays (unissez-vous), gâché par une ingérence américaine...
Mieux vaut regarder le documentaire de LCP "Allende c'est une idée qu'on assassine", disponible sur YouTube : https://www.youtube.com/watch?v=62LayzGQKWw&t=2479s