Pas la peine de faire de long discours sur Le Concierge du Bradbury. Pas la peine non plus de mentir sur la marchandise. Nous ne sommes pas en présence d’un grand film ni même du summum de la comédie romantique. Il serait même facilement compréhensible de ne pas (ou plus) s’intéresser à ce film.
Tous les passages obligés du genre sont au rendez-vous : le héros au grand cœur, la fille un peu gourde manipulée par l’homme marié qu’elle aime, ce dernier qui n’a aucune envie de quitter sa femme mais fait croire le contraire, les seconds rôles uniquement présents pour alimenter l’humour, le méchant inspecteur du FISC qui fout un coup de pression, un peu de jazz, le soleil couchant, des quiproquos pour faire sourire. Tout ça pour finir sur le désormais prévisible happy end avec course effrénée à travers Manhattan pour clamer son amour. C’est sûr, dit comme ça, le film ne donne pas vraiment envie et ce n’est pas la mise en scène illustrative typique des années 90 qui y changera quelque chose.
Oui mais c’est justement ça qui fait tout le charme désuet de ce petit film sans prétention. Le mari volage est suffisamment détestable pour qu’on se réjouisse qu’il perde tout, le couple de héros est suffisamment attachant pour qu’on est envie de les voir finir ensemble, les seconds rôles sont interprétés par une galerie de trogne qui fait plaisir à voir (Dan Hedaya, Bob Balaban, Udo Kier…), certaines blagues font mouche (la scène dans la maison de campagne), la romance ne tombe jamais dans la guimauve outrancière. Michael J. Fox a un capital sympathie indéniable, Gabrielle Anwar n’a jamais été aussi désirable et le rythme est suffisamment soutenu pour ne pas ennuyer.
En somme Le Concierge du Bradbury remplit son contrat de comédie romantique sans se fouler mais avec suffisamment d’entrain et de sincérité pour que le spectateur puisse à la fois y trouver son compte un dimanche après-midi de pluie et se rappeler (ou découvrir) un vestige d’une époque révolue où l’on n’avait pas besoin de vulgarité, ni de sujet social, ni de frime tape a l’œil, ni tout simplement d’en faire des caisses pour passer un petit moment, peut être rapidement oubliable mais certainement pas désagréable.