Le con court toujours
Il n'y a pas grand chose à reprocher au documentaire en tant que tel, il est agréable à regarder, et il est bien monté. Ceci ayant pour conséquence un film plutôt bien rythmé. Le problème réside...
le 13 févr. 2017
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Les choix les plus radicaux en terme de documentaire peuvent se révéler les plus pertinents. Le Concours dure deux heures, et pourrait aisément se permettre d’en prendre le double sans cesser d’être passionnant. Pas de voix off, pas d’adresse caméra, pas de cartons : des fragments, des écrits aux trois tours des oraux, jusqu’à la publication des résultats du déroulé du concours d’entrée à la Femis, dont est issue Claire Simon elle-même.
Le montage fonctionne de façon kaléidoscopique, sans qu’il soit toujours possible de relier les parties entre elles. Ainsi d’une délibération d’un jury sur une performance qu’on n’aura pas vue, ou au contraire d’un oral dont on ignorera l’appréciation finale. Au millier de candidats dans une salle saturée pour les écrits succède l’individualité des oraux : des têtes émergent, des profils, des propositions saugrenues, des vocations se formulent.
Claire Simon filme avant tout des dialogues, avec cette particularité fondamentale qu’ils sont des représentations et dans le cadre d’une compétition. Le champ contre champ (ou travelling latéral) permet ainsi d’assister à la performance du candidat, et de voir les réactions des membres du jury, qui se doublent de plus en plus, à mesure que le film progresse, des délibérations qui suivent.
Cette place privilégiée est non seulement fascinante parce qu’elle donne accès aux arcanes des jurys, mais aussi et surtout parce qu’elle montre le vertigineux éclectisme des attentes. Un même candidat peut séduire l’une pour les mêmes raisons qu’il horripile l’autre, et certains passages, très drôles, voient surgir le débat du statut du génie, face à un candidat visiblement fou à lier mais dont l’œuvre future pourrait se révéler fantastique.
Progressivement, le film se scinde en deux entités : d’un côté, la parole contrôlée, calculée avec plus ou moins de talent par les jeunes conquérants, de l’autre, celle plus spontanée et ouvertement subjective des jurés. Cet échange parfois tendu, souvent éclectique, révèle le nécessaire apprentissage de ces professionnels aux parcours et sensibilités différents. Alors que la diversité des candidats permet une cartographie de la jeunesse créative (qui pose de vraies questions sociologiques, la question de la représentation de la diversité sociale et ethnique s’invitant dans certains débats), celle des jurés dit la difficulté à faire rentrer dans un cadre la vigueur et la pluralité des propositions.
Préambule à l’apprentissage, avant la photo finale qui rassemble tous les admis, Le Concours est un vivier bouillonnant et passionnant, qui dit surtout qu’on ne cesse jamais d’apprendre, et donne l’envie de poursuivre indéfiniment ce difficile et exaltant combat qu’est l’échange avec l’autre.
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Créée
le 16 févr. 2017
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