Le con court toujours
Il n'y a pas grand chose à reprocher au documentaire en tant que tel, il est agréable à regarder, et il est bien monté. Ceci ayant pour conséquence un film plutôt bien rythmé. Le problème réside...
le 13 févr. 2017
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I. Les candidats :
J'ignore si Claire Simon a décidé de mettre en avant ses coups de cœurs, ceux qui avaient le plus de chances d'être conservés à l'issue de la sélection, ou si le choix s'est fait en fonction des délibérations les plus intéressantes. Toujours est-il qu'il y a de quoi être surpris par les profils présentés. Je pensais voir des candidats plus âgés, forts d'une plus grande confiance en eux, des gens plus poseurs avec une culture cinématographique pointue et des tares propres à l'idée qu'on se fait du label Fémis (productions nombrilistes, moralistes et creuses).
Or on a affaire à des étudiants, au sortir de l'adolescence, parfois un peu calculateurs, souvent intimidés, sans prétention particulière, mais avec dans certains cas de sérieuses limites. Même quand le stade de sélection est très élevé. On voit la très compatissante Laetitia Masson converser avec des personnalités assez sages. Bien évidemment il existe tout un tas de métiers différents enseignés à La Fémis, et cette école n'est pas une usine à auteurs.
Et aux dires de certains membres du jury, on nous a privé de certaines personnalités (le fameux "fou furieux" qu'on aurait bien voulu admirer, à moins qu'il ne s'agisse du barman dont nous dirons deux mots plus tard). C'est à croire que Simon a préféré montrer les plus "présentables" pour éviter de tomber dans la similitude avec un épisode de Striptease (dommage), sans qu'ils soient les plus brillants pour autant. Et l'on sent son désir de montrer une "diversité" qui n'apparaît pas dans les films estampillés Fémis, pour nous dire "vous voyez on prend tout le monde, on est pas snobs, on est pas dans l'entre-soi, on étudie tous les profils, tous ont leur chance". Mais il y a fort à parier que les élèves de cette promotion là ne réaliseront pas de chef d'oeuvre. Ou alors pas tout de suite. Petite revue express des candidats :
S'il y avait d'authentiques auteurs en puissance dans cette promotion, Claire Simon a choisi de ne pas les montrer.
Certes, on est souvent dans le jugement sur l'apparence, et le spectateur n'a accès qu'à une partie de l'oral, et ne voit donc trop rien des dossiers. J'ignore si tous les examens oraux dans les autres disciplines souffrent du même problème. Il y a pas de raison pour à priori, puisque les examens de biologie, droit ou d'histoire sont fondés sur le contrôle de connaissance et par sur l’esbroufe auprès de producteurs et d'exploitants...
II. Le Jury / Les examinateurs :
C'est presque plus désolant du côté de cette armada mexicaine qui se veut cool de prime abord "la Fémis est une école sans étudiants, et sans professeurs" déclare fièrement le directeur - qui ne doit pas en être un non plus du coup - mais il y a en revanche un processus de sélection composé d'un innombrables d'examinateurs et de correcteurs dont les avis divergent et s'affrontent parfois tellement qu'on dirait une scène de conseil de classe dans P.R.O.F.S "cet élève est un génie, on lui a donné deux 19 ! Oui mais mais au tour d'après on lui donne deux 6 ! - Bah oui c'est normal, on l'a trouvé nul !". Cette pluralité de points de vues est certainement une richesse et une preuve d'égalité, dans l'esprit de la direction, mais dans les faits ça doit être un merdier pas possible où seules les grandes gueules parviennent à faire triompher leur opinion. Et dieu sait que c'est une question de chouchous :
III. Bilan
Le concours met du temps à démarrer. La phase des écrits est inintéressante au possible, et sert manifestement à planter le décors, à faire entrer le spectateur discrètement dans ces locaux où se jouent l'avenir d'une poignée de jeunes gens. Les oraux constituent la plus grande partie du film, comporte les scènes les plus captivantes. Elles amusent, consternent parfois, et font relativiser la renommée de cette école qui symbolise l'excellence du cinéma français. Au final, maintenant qu'on a mis un nez dedans, on se demande un peu pourquoi.
Créée
le 5 juil. 2020
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