Un meurtre d'enfant aussi sauvage que sordide, des preuves accablantes qui incriminent contre toute attente un citoyen respectable d'une paisible bourgade (elles le sont toutes là plupart du temps vous me direz, je n'ai jamais entendu parler de bourgade ultra violente maintenant que j'y pense), des démons intérieurs alcoolisés propres au sacerdoce policier, une touche d'inexplicable qui vire au gros surnaturel...
Que cela partait bien. Et ce casting grand luxe (Ben Mendelsohn de Bloodline, Jason Bateman d'Ozark etc...), un scénariste de l'excellent The night of, sur une idée de Stephen King (mais est-ce en un point fort en 2020 ?). Deux premiers épisodes de haute volée, très maîtrisés à tous les niveaux, et qui se payaient le luxe d'avoir des airs de True Detective saison 1. On était vraiment devant la première grande série de 2020 !
Et puis patatras, oui je sais l'expression est désuète, je ne l'emploie plus depuis l'école primaire, mais je ne vois pas de meilleur terme pour évaluer la chute de qualité vertigineuse de la dernière série d'HBO. Si les deux premiers épisodes étaient bien ancrés dans le réel, avec une enquête sur les nerfs menée par l'excellent Ben Mendelsohn, le passage au pur surnaturel se prend les pieds dans le tapis.
Et la substitution au cœur de l'intrigue par Holly, la détective autiste (imaginez donc Monk à la sauce 2020) personnage déjà vu dans Mr Mercedes, rend la série complément soporifique. Son enquête qui la conduit à faire du porte à porte, son histoire d'amour (?! BORING !), tout cela contribue à plomber l'intrigue tout en grappillant de nombreuses minutes de vide. En parallèle on suit la redondante possession démoniaque du flic à problèmes avec autant d'intérêt que le pénible dégagement d'une mouche prise au piège dans une cuvette de toilette. Je compatis pour son eczéma dans le cou mais ça s'arrête là.
Les personnages qui nous avaient tant accroché au début (le flic et l'accusé) ont laissé place à deux monstres très "Stephen Kingien". Des marionnettes qu'on traîne d'une scène à l'autre pour faire du pur remplissage. Dans the Night of ou True Detective S01, la tension était perpétuelle, chaque scène ayant presque une importance capitale, même quand il ne se passait pas grand chose.
Ici on pourrait rater deux épisodes et reprendre la série sans rien avoir manqué de notable. Cette lenteur n'est pas compensée par une qualité d'écriture, des dialogues originaux ou un esthétisme ravageur comme dans les séries précitées. Non, on est vraiment dans le Stephen King qui chausse ses gros sabots horrifiques et dont le récit ronronne gentiment, à un rythme de senior après le potage de midi.
Une histoire de double maléfique comme on en a chié à la pelle pendant des années. Il aurait mieux fallu ne faire qu'un seul épisode et le proposer à Creepshow plutôt que de déranger ce casting et le sortir en grande pompe sur HBO.
D'où l'intérêt de ne pas poster de chronique dithyrambique après seulement 1 épisode.