Alors oui je reprends le titre que j'avais apposé à ma critique du livre, parce que comme ce dernier, la série est de bonne facture, mais pas parfaite. Ce qu'on ne peut nier par contre c'est qu'elle respecte totalement l'atmosphère et le déroulé du matériau initial. A l'inverse elle se révèle trop longue à cause d'un déséquilibre certain dans sa construction.
C'est bien simple, en un seul episode, le pilote, est résumé le premier quart du bouquin, si ce n'est le premier tiers ! Le meurtre du petit Peterson est evoqué et montré en une seule image là où King le dévoilait, le décrivait, mettait le lecteur dans une situation de malaise fort à propos pour la suite. Ne parlons même pas de l'incident du palais de justice, un des climax du roman, avec une montée crescendo de la tension jusqu'au bain de sang, ici simplement relaté de manière très formelle le temps d'une séquence bien trop courte. Idem pour l'arrestation pendant le matche de base ball.
Enfin, toute la partie relative à l'enquête sur le tueur présumé, puis sur les incohérences d'adn et de temporalité, la preuve de sa présence filmée à la convention, ses empreintes dans la boutique de souvenirs, le tournant des découvertes dans la grange, tout ça est expédié pour se retrouver à la fin du premier episode alors qu'on en est dejà au tiers du livre. Ok, on fait quoi alors dans les 9 episodes restants ?!
Je serai tenté de dire qu'on brode mais ce serait injuste au regard de la volonté d'instaurer une atmosphère délétère et parfois glauque, sans aspetiser son propos en édulcorant le sang ou les manifestations dégueulasses de la créature qui se transforme petit à petit.
L'accent est mis sur la propre remise en question de l'inspecteur qui a conclue un peu trop vite à la culpabilité de cet entraineur respecté, à sa lente acceptation de l'element surnaturel, à la douleur que réprésente la mort de son fils assez récente. Et autour de lui les autres protagonistes font leur chemin personnel, pour arriver à un consensus final qui suit globalement les ecrits de King.
D'un coté certaines scènes importantes sont trop vite expédiées, de l'autre les atermoiements et tergiversations humaines un peu trop marquées. D'où un déséquilibre qui plombe le rythme général, qui sans etre effréné se devait d'etre plus resséré et palpitant lors de moments clés.
Et la romance de Holly est inutile, je ne me rappelle pas qu'elle etait présente dans le manuscrit.
Mais ces défauts sont en partie compensés par un jeu d'acteur de qualité, Ben Mendelsohn en tête, par une noirceur constante bien pesante qui sied au thème, de effets sanglants peu nombreux mais crus, et surtout l'âme de l'histoire de King a été conservée, ce qui n'est pas le cas de toutes les transpositions de ses oeuvres, c'est le moins qu'on puisse dire.
Le format série est le meilleur pour adapter ses oeuvres, j'espère qu'il y en aura d'autres de cette qualité, ne soyons pas pinailleur à outrance.