Princesse grâce

A la Quinzaine des Réalisateurs 2014.
Quatorze ans après Mes voisins les Yamada, Isao Takahata est de retour à la mise en scène pour ce qui semble être son ultime oeuvre. Le choix du sujet n'est pas anodin puisqu'il adapte "Le Conte du coupeur de bambou", conte folklorique considéré comme le texte narratif japonais le plus ancien. Takahata livre sa propre interprétation du conte et notamment de la fin, dont plusieurs versions existent. Il est intéressant de comparer à ce titre Le Conte de la princesse Kaguya avec Le vent se lève, le film testament de l'autre grand maître des studios Ghibli. Autant Miyazaki réalise son oeuvre la plus sombre, autant Takahata livre un des ses films les plus optimistes, une ode lumineuse à la nature symbolisée par la princesse Kaguya ("lumière resplendissante"). Néanmoins, derrière le message d'espoir, pointe aussi chez Takahata une profonde mélancolie sur une époque révolue où l'homme vivait en contact avec la nature.
Visuellement, le style est magnifique, dans la continuité de l'épure de Mes voisins les Yamada. On a l'impression que des estampes japonaises s'animent sous nos yeux. Le dessin est proche de l'esquisse, plus à même de transmettre la vitalité et le mouvement. Takahata, amoureux de la littérature française, cite notamment Diderot: "Dans l’esquisse, il y a plus de vie que dans le tableau achevé." Le style graphique est ainsi pleinement en harmonie avec le propos et le film bouleverse par l'élan de vie et la passion qu'il insuffle.
Le chef d'oeuvre de son auteur.