かぐや姫
Isao Takahata réalise avec Kaguya-hime no monogatari une merveille visuelle. S'appuyant sur le meilleur des techniques d'animation dernier cri, son équipe accouche d'un défilé époustouflant d'images...
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Quand il n’a plus rien à prouver, le génie se trouve face à un choix : approfondir dans la même veine, ou tout remettre en jeu.
Isao Takahata opte aujourd’hui pour cette dernière alternative, à travers un dessin entièrement renouvelé, détonnant fortement par rapport à la tendance actuelle. Les couleurs pastel de l’aquarelle, le croquis mouvant des silhouettes sont un pur enchantement.
Le prologue consacré à la nature est éblouissant, ode impressionniste à la forêt printanière, dans un lyrisme aussi ténu que communicatif.
La légitimité du dessin n’a jamais été aussi pertinente que dans la première partie du film, qui voit conjointement naitre l’enfant qui grandit et les croquis qui le dessinent : la silhouette s’affine sous nos yeux, et la simplicité des traits contient toute l’innocence et la splendeur indicible du premier éclat de rire, d’une galipette ou des premiers pas.
Par la suite, on est surpris de voir à quel point cette même pudeur graphique permet la retranscription des émotions les plus subtiles. Le visage de Pousse de bambou, gracile et tout en inflexions est un livre ouvert qui parvient à bouleverser à maintes reprises.
Lorsqu’il se fait plus grave, le récit sait jouer sur sa longueur (près de 2h20) pour déployer toute sa charge émotionnelle : pour avoir grandi avec la princesse, pour avoir communié avec elle dans la nature, nous mesurons toute l’amertume des déchirements à venir, tous les renoncements sur lesquels se fondent l’âge adulte, ici assimilé à la civilisation et au pouvoir.
Le conte est ainsi d’une grande richesse de par les thèmes qu’il brasse : adolescence, foi, richesse… Pour dessiner, sans qu’on s’y attende, une très grande histoire d’amour. Sans dévoiler les ressorts du final, on ne peut que saluer l’habileté avec laquelle il combine les thèmes mythologiques et la réflexion sur notre condition.
Par la simplicité d’un dessin qui nous ramène aux émotions premières, Le conte de la princesse Kaguya décape tout le vernis du film d’animation pour nous émouvoir avec une force qu’on pensait enfouie dans notre propre enfance : de ce fait, ce film conjugue les parcours de son héroïne avec celui du spectateur : une initiation à l’humanité.
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le 29 juin 2014
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