On craint le film pour ados. De fait, la salle est pleine de jeunes gens qui ne semblent pas avoir répondu à une injonction professorale...


De fait, la thématique est taillée pour eux sur mesure : deux sympathiques loosers cherchent à redorer leur blason au sein de leur établissement. Un faisceau de fantasmes les convainc de reconstruire leur popularité au moyen d'une correspondante de rêve. C'est une Allemande gothique, mutique et en pleine révolte, jubilatoirement incarnée par Sophie Mousel en Sasha, qui échoit à l'un d'eux, Malo.


Jeune acteur repéré sur internet grâce à ses vidéos postées sur YouTube, Jimmy Labeeu évolue sous le regard de la caméra comme un poisson dans l'eau. On n'échappe pas à quelques situations caricaturales, comme l'affirmation de soi par le coup de poing ou l'humiliation, la drague homosexuelle assez sommaire effectuée par le jeune professeur d'allemand sur le père au foyer humilié subtilement campé par Charles Berling, dans un rôle à contre-emploi.


Mais une subtilité inespérée ne tarde pas à se dégager du film et l'on perçoit vite que, entre le jeune homme au père trop présent et rabaissé par son épouse survoltée et surinvestie dans son travail, jouée par une Sylvie Testud désagréable à souhait, et la jeune fille en souffrance, cachant sous ses silences la recherche d'un père inconnu d'elle, mais pas de tous, puisqu'il s'agit d'une star du rock, ne peut que se nouer une solidarité plus profonde que celle dictée par le rôle de coach que Sasha s'arroge auprès de son gringalet correspondant.


Dans le flux ouvert par cet accès à une profondeur s'engouffrera la question du regard porté par les ados et les plus jeunes enfants sur le duo parental à la dérive. La petite sœur de Malo sera ainsi amenée à jouer assez subtilement le rôle d'une glu amoureuse pour tenter de résorber, plutôt efficacement, les fractures du couple. Avec finesse, Jean-Michel Ben Soussan nous rappelle ainsi que la question de la séduction n'a pas d'âge et que, si elle taraude les adolescents, les adultes seraient bien inspirés de ne pas l'obturer totalement dans leur traversée du quotidien.


S'il s'achève sur une scène de fête un peu improbable, le film se clôt devant des adolescents devenus silencieux, habilement conduits à exercer davantage leur réflexion qu'ils ne s'y attendaient en entrant dans la salle.

AnneSchneider
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Films où il est question de la paternité, frontalement ou latéralement.

Créée

le 26 août 2016

Critique lue 1.7K fois

5 j'aime

5 commentaires

Anne Schneider

Écrit par

Critique lue 1.7K fois

5
5

D'autres avis sur Le Correspondant

Le Correspondant
AnneSchneider
6

Des clichés et au-delà

On craint le film pour ados. De fait, la salle est pleine de jeunes gens qui ne semblent pas avoir répondu à une injonction professorale... De fait, la thématique est taillée pour eux sur mesure :...

le 26 août 2016

5 j'aime

5

Le Correspondant
Gw3333n
1

Critique de Le Correspondant par Gw3333n

j'aurais préféré me faire couper les deux couilles une par une par un ciseau maped pour enfant. Ce film est une atrocité sans nom et sa médiocrité ne pourra sûrement jamais être égalée.

le 10 juil. 2023

2 j'aime

Le Correspondant
DavidRumeaux
6

Le correspondant !

Si Le Correspondant affiche sur son… affiche des noms qui feront réagir les fans de l’Internet et de la TV (Jimmy Labeeu, SODA…), le film n’a pas tant fait parler que ça. Ce qui explique surement ce...

le 28 août 2016

2 j'aime

Du même critique

Petit Paysan
AnneSchneider
10

Un homme, ses bêtes et le mal

Le rêve inaugural dit tout, présentant le dormeur, Pierre (Swan Arlaud), s'éveillant dans le même espace, mi-étable, mi-chambre, que ses vaches, puis peinant à se frayer un passage entre leurs flancs...

le 17 août 2017

80 j'aime

33

Les Éblouis
AnneSchneider
8

La jeune fille et la secte

Sarah Suco est folle ! C’est du moins ce que l’on pourrait croire lorsque l’on voit la jeune femme débouler dans la salle, à la fin de la projection de son premier long-métrage, les lumières encore...

le 14 nov. 2019

74 j'aime

21

Ceux qui travaillent
AnneSchneider
8

Le travail, « aliénation » ou accomplissement ?

Marx a du moins gagné sur un point : toutes les foules, qu’elles se considèrent ou non comme marxistes, s’entendent à regarder le travail comme une « aliénation ». Les nazis ont achevé de favoriser...

le 26 août 2019

71 j'aime

3