Il Corsaro Nero a tout du film de pirates spaghetti comme étaient produits, dans les années 70 en Italie, les westerns spaghetti : une intrigue simpliste sur fond de vengeance, des personnages manichéens qui exagèrent chacune de leur expression comme au temps du muet, une réalisation pompière qui privilégie les très gros plans et les images rendues impressionnantes par divers procédés (zooms, longs travellings, montage qui coupe brutalement des séquences etc.), une partition musicale tout aussi ampoulée mais mémorable. La rugosité de propos se heurte pourtant à un goût prononcé pour l’exotisme, qu’il s’agisse de la géographie insulaire avec ses plages de sable blanc et son eau turquoise, des costumes ou de l’imaginaire colonial correspondant à l’époque investie, à savoir le XVIe siècle. Précisons au passage qu’il s’agit d’une adaptation d’un cycle de romans d’aventures engagé contre la colonisation et ses exactions, titré I corsari delle Antille et écrit par Emilio Salgari, ce qui ne saurait signifier que le long métrage dispose d’une pensée anticoloniale aboutie – au contraire, que ses dialogues sont ridicules ! Son sens du burlesque emprunte volontiers à l’esthétique des « fumetti », bandes dessinées de qualité inégale écoulées en kioske à prix bon marché.