J'aurais du me rencarder un peu plus avant de lancer Le Corsaire Rouge. Parce que en lieu et place du film de pirate dépaysant et un brin barbare que j'espérais, je me suis fait servir un spectacle du cirque du soleil bien aseptisé, pensé et tourné pour la famille en mode aventure pétillante à l'ancienne, avec tout ce que requiert l'exercice : un héros aux muscles saillants et au sourire bright, des vilains pantins du roi à dégommer, et bien entendu une jolie femme à séduire, le tout parsemé de bruitages tout droit sortis d'un Tex Avery pour rehausser une succession de farces bien lourdingues. Pas vraiment ce que j'y cherchais donc, mais je ne peux pas non plus cracher dans la soupe, l'exercice de style est relevé et avec style.
D'autant plus, que quand on se renseigne un peu sur Burt Lancaster, on comprend le projet. Ancien artiste de cirque, il retrouve dans ce film son ami de toujours avec lequel il se produisait en spectacle avant une grave blessure qui le contraignit à changer de voie : dès lors, le film fait sens, et on comprend le sourire franc du collier qu'il arbore pendant toute la durée de cette virée en mer qui trouverait une place de luxe sur Disney+.
Parce que mine de rien, quoique j'en pense, c'est bien foutu et plutôt ambitieux, Siodmak emballe ça avec le savoir-faire qui a fait sa réputation : les scènes en mer sont pas mal, les acrobaties sur les navires, quoique répétitives, ont une belle dimension... vraiment c'est carré, presque irréprochable, quiconque embarquera volontairement pour une farce de piraterie devrait y trouver son compte; il ne faut juste pas, comme moi, lancer la bestiole en espérant un film de pirate un peu plus sérieux, sous peine de trouver le temps —très— long :D