Le plus marrant, ça n'est pas le discours sur les rapports maladifs à l'argent, mais bien la France des années 2000 vue avec une génération de recul. C'était le bon temps ! Pas un seul plan avec un type l'oreille collée à son portable. Pas un ! Et tout un tas d'expressions tombées en désuétude depuis que "Whao" a pris la place de toutes les réactions imaginables. Pardon, plutôt "et je me suis dit whao quoi". Les brasseries de Paris, les rues de la capitales sans trottinettes ou vélibs, bref, une vraie révolution copernicienne que ce film sur une France d'avant dont on ne sait pas s'il faut la regretter, quand même, parce qu'on y sent un peu l'odeur suspecte de la philosophie de Bernard Tapie ou de Gérard Depardieu, mais qui reste familière malgré le verni américano-libéral qui la recouvre. Après, la galerie de personnages est plutôt attachante, dans sa panoplie de défauts horripilants. Tous nous restent proches, on reconnaît des comportements familiers chez chacun d'entre eux : le radin, le dispendieux, la femme fatale, la greluche, le gentil, le mafieux, le snob... ils constituent un éventail assez bien choisi que les interprètes s'approprient en beauté. Vincent Lindon emporte tout sur son passage, Luchini titille insidieusement, Le Besco sidère de tarterie, bref, ça joue et c'est bien, ça.