L'intrigue criminelle est somme toute très classique et aurait sans doute pu inspirer à quelques spécialistes américains de la grande époque un de ces polars noirs magistraux dont Hollywood fut un grand pourvoyeur.
La singularité du film de Denys Arcand est précisément de se détourner des codes du cinéma noir. Il réalise, en couleur, un drame provincial où les protagonistes, loins de la mécanique stylisée du thriller, sont des personnes complètement ordinaires. D'ailleurs, le crime d'Ovide Plouffe que le titre nous annonce intervient assez tard dans un récit qui, longtemps indécis, ressemble à une chronique conjugale de province. Involontairement, l'accent québécois ajoute une dose d'insolite, une façon de poésie à l'ensemble.
Le drame est initié par la charmante épouse d'Ovide Plouffe, une blonde opulente, peu avare de ses charmes mais qui, par sa sincérité, prend à contre-pied les caricatures de belles idiotes ou de garces. Ce drame, Arcand le condense au maximum -avec efficacité- montrant que les péripéties de l'intrigue criminelle l'intéressent moins que le comportement des personnages. Quoique peu développés sur un plan psychologique, les personnages ont des accents de vérité et de simplicité qui les rendent attachants.