Certes un film de propagande communiste mais qui n'en est pas moins vrai et honnête dans sa dénonciation du féodalisme impérialiste russe encore présent en 1905 et encore répressif à cette époque.
S'il y a bien sûr quelques exagérations par rapport à l'histoire (les officiers n'étaient pas aussi mesquins, et il y a aussi le contexte de la défaite face au Japon, et enfin les cosaques n'ont pas chargé avant la nuit aux Escaliers Richelieu), le propos reste pertinent surtout en ces temps marqués par les révoltes populaires avant les confinements.
Ironie, il y a même un prêtre félon qui ressemble physiquement à Karl Marx tout en étant son antithèse.
La scène des escaliers Richelieu avec la répression féroce et spectaculaire d'une manifestation désarmée populaire favorable aux marins mutins du Potemkine, ne peut que frapper les esprits de par sa violence plutôt forte même pour l'époque.
Forcément, après le passage tendu sur l'arrivée de l'escadron amiral censé détruire le Potemkine rebellé, on ne peut être qu'heureux et soulagé de voir les autres marins soutenir les mutins.
1905 aurait pu être l'année de la révolution russe ou de la République. Mais le Tsar n'a pas rempli toutes ses promesses. D'où les crises de 1917, et d'où ce film de 1925 fait à la mémoire. On notera d'ailleurs une musique rappelant La Varsovienne et La Marseillaise, le film faisant un clin d’œil à notre bonne Révolution française et aux camarades polonais.
Le Cuirassé Potemkine reste encore efficace aujourd'hui pour ce qui est d'encrer dans les esprits le message du "Mort aux rois et aux riches parasites" (mais il y a une scène où, alors que les bourgeois, les pauvres et les marins mutins font serment de s'associer contre les oppresseurs, un imbécile crie une injure antisémite et se fait tabasser ... parce qu'il y a avait des Juifs parmi les communistes et les révolutionnaires ouvriers du Bund et qu'ils ont été victimes de pogroms encore au XXe siècle).
Le film est donc à la fois dans son temps, dans celui du 1905 qu'il fantasme et à la fois en avance (de par sa tolérance des minorités pendant au moins 1 minute) et encore pertinent aujourd'hui.