Avec un certain nombre de grands films à son actif, De Palma est une figure emblématique du cinéma contemporain. Il est à mon sens l'un des meilleurs artisans encore en activité, et chaque film que je découvre de sa main est une promesse que j'ai hâte de visionner. La Dahlia noir fait partie de ses films que je n'avais pas encore vus et que je me suis lancé le coeur léger, mon costume de fanboy du maître solidement boutonné. La séance fut malheureusement sans appel, très décevante, à plus d'un titre. En effet, il est difficile de prendre du plaisir quand on a l'impression d'être un idiot qui n'est pas fichu de comprendre ce qui se trame à l'écran. De Palma se laisse en effet dépasser par le pavé d'Elroy et ne parvient jamais à rendre fluide cette histoire qu'il investit. On n'est souvent dépassé par les guerres de personnages qui se jouent dans le cadre, et ce puzzle qui ne prend forme qu'à la toute fin du métrage ne semble pas vraiment cohérent. Le pire, c'est que si le spectateur se sent largué au milieu de ces intrigues farfelues, il semblerait qu'il ne soit pas le seul. Les acteurs sont également à la dérive, partagés entre l'inspiration qui les envahit lorsqu'ils pénètrent les belles ambiances de film noir qui irradient leurs plateaux (Hillary Swank n'aura jamais été aussi bien mise en valeur) et le manque flagrant de tenue de leurs personnages (pauvre Scarlett qui surnage).

Et pourtant, formellement De Palma est encore de la partie et prouve, une nouvelle fois ici, toute l'étendue de son talent, caméra au poing. Véritable génie de l'image il fait de ce Black Dahlia une vraie réussite graphique dont la mise en scène précise sauverait presque la pauvreté de l'ensemble. Mais c'est sans compter sur cette frustration qui nous envahit lorsque les hostilités se finissent sur une scène incompréhensible, qui finit de faire du personnage pourtant intéressant de l'underdog sympathique une éternelle addition de paradoxes injustifiés. La dahlia noir est un joli film manqué qui n'a qu'un seul mérite, nous donner envie de lire le matériau d'Elroy pour réussir à comprendre les mécaniques qui feraient de tous ces personnages intéressants une intrigue policière enfin compréhensible.
oso
5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste L'ours, Homo Video, en 2014

Créée

le 2 mars 2014

Critique lue 488 fois

7 j'aime

oso

Écrit par

Critique lue 488 fois

7

D'autres avis sur Le Dahlia Noir

Le Dahlia Noir
Star-Lord09
5

Une fleur si peu seyante à la boutonnière de De PALMA

De Palma vs David Fincher : Le projet Sorti de l'immense succès de "Se7en", David Fincher avait émis l'idée d'adapter le premier Tome du quatuor de Los Angeles de James Ellroy, "Le Dahlia noir". Un...

le 28 avr. 2018

28 j'aime

17

Le Dahlia Noir
Sergent_Pepper
5

Critique de Le Dahlia Noir par Sergent_Pepper

Il faudrait ne pas avoir lu le bouquin pour éventuellement apprécier le film. Et même là, peu de choses à sauver. L'esthétique est impeccable, et on pourrait légitimer certains choix sur la...

le 19 juin 2013

24 j'aime

Le Dahlia Noir
Fritz_Langueur
2

Bric à brac chicos

Le débat est au cœur de l’actualité cinématographique du moment : l’adaptation d’oeuvre littéraire est toujours source de complications. D’aucun y voit la trahison de l’univers ou du récit de...

le 12 sept. 2014

16 j'aime

3

Du même critique

La Mule
oso
5

Le prix du temps

J’avais pourtant envie de la caresser dans le sens du poil cette mule prometteuse, dernier destrier en date du blondinet virtuose de la gâchette qui a su, au fil de sa carrière, prouver qu’il était...

Par

le 26 janv. 2019

83 j'aime

4

Under the Skin
oso
5

RENDEZ-MOI NATASHA !

Tour à tour hypnotique et laborieux, Under the skin est un film qui exige de son spectateur un abandon total, un laisser-aller à l’expérience qui implique de ne pas perdre son temps à chercher...

Par

le 7 déc. 2014

74 j'aime

17

Dersou Ouzala
oso
9

Un coeur de tigre pour une âme vagabonde

Exploiter l’adversité que réserve dame nature aux intrépides aventuriers pensant amadouer le sol de contrées qui leur sont inhospitalières, pour construire l’attachement réciproque qui se construit...

Par

le 14 déc. 2014

58 j'aime

8