Chauve qui peut !

S'il y a bien un fait de positif quant à la sortie d'un film avec Vin Diesel, c'est qu'il apportera un nouveau matériau pour les aventures de son avatar Baboulinet. Et il faut constater que notre Vin se bonifie avec le temps. Les détournements de Mozinor lui collent si bien au cépage qu'il devient difficile de distinguer le bon grain de l'ivraie. Vin et Baboulinet, deux millésimes qui partagent la même aoc pour un plaisir coupable toujours enivrant.

L'entame du film place notre BeauVin gonflé à la taurine dans le rôle d'un chasseur de sorcières médiévalo-pileux répondant au doux patronyme de Kaulder. Il porte la tresse viking et la crête hirsute avec un mélange de hargne et de désinvolture. Drapé d'un filtre jaunasse, procédé cinématographique subtil pour évoquer le passé, Kaulder s'en va occire la reine sorcière, coupable d'avoir tué sa femme et sa fille. Après la victoire, Vint le temps du tribut. L'immortalité en guise de malédiction. On retrouve donc notre Grand cru 800 ans plus tard, sans barbiche, postiche et autres iroquois, en chauve belliqueux qui a su rester coi.

Kaulder est un super héros, il faut une vingtaine d'hommes ordinaires pour espérer l'égaler. Il a donc besoin d'un assistant. La production, dans sa grande générosité, lui en offre même deux. Le premier, Alfred, au chômage technique depuis que Batman file : a/ un mauvais coton b/ un parfait amour (rayer la mention inutile) avec Catwoman. Le second, Frodon, qui a déjà eu la bague au doigt, l'a troquée contre un col romain, plus efficace pour conclure depuis Spotlight. Comme on dit souvent à Hollywood, Vingt Diesel veau mieux que deux tu l'auras. Mais Michael Mc Cain n'a pas la frite depuis que sa chauve-souris préférée l'a abandonné. Bélial, le méchant velu de service, le plonge dans une mort provisoire. Sur ces entre-faits, notre chauve qui ne sourit guère poursuit son enquête pour découvrir qui a brutalisé Alfred. C'est au détour d'un bar à vin que vint la rencontre avec Chloé. Fraîchement débarquée du pays où l'hiver n'arrête pas de venir, Ygritte, alias Chloé, que nous appellerons Rose par commodité, prend racine dans un caveau. Par bonheur et coïncidence scénaristique, Kaulder veut retrouver la mémoire car une information capitale s'y cache et ça tombe bien car Rose Leslie dans les rêves.

Après moult pérégrinations sur fond vert, des rencontres avec des papixellons et des bastons numéricomiques, Vainc Diesel. Au comble du paroxysme de la tension et de l'angoisse, Kaulder doit encore empaler la reine sorcière sur son épée flamboyante. Je ne résiste pas au plaisir de te spoiler, cher lecteur, le twist qui met en scène Dolan l'indolent. Dans une scène qui redéfini les fondements même du retournement de situation, Elijah rompt définitivement avec son intégrité pour s'ouvrir une voie royale vers une magnifique et longue traversée du désert en terme de rôle intéressant. Peut-être tenons-nous là le nouveau Nicolas Cage ?

Humble et triomphant, Kaulder sauve une fois encore le monde et sa périphérie. Mais derrière l'amertume et le désespoir du spectateur et l'envie de tirer la chasse, se cache un homme, le véritable héros de ce film, celui que tout le monde connaît à présent sous le nom de … Vain Diesel.