Baboulinet au pays des sorcières

Dès les premières images et bande annonce, même dès lors de l'annonce du projet, celui-ci sentait bon le nanar. Et malgré le fait que certains stars de renom tel que Elijah Wood et Michael Caine ait rejoint le long métrage, il ne faisait aucun doute que l'on serait face à un film à la gloire de Vin Diesel. N'ayant pas assez de sa licence Fast & Furious, ni de Riddick, il semblerait qu'il recherche encore une licence forte qui s'inscrirait durablement dans le paysage cinématographique. Car après visionnage il est clair que ce film à été pensé pour être la première étape d'une saga mais vu le résultat calamiteux de cette entreprise, j'espère que Hollywood aura au moins le bon sens de ne jamais donner le feu vert à une telle catastrophe.

Le bon sens n'a cependant jamais été le fort de Hollywood car finalement un tel film a pu se frayer un chemin jusque dans les salles obscures. Un nanar c'est déjà bien assez alors inutile de pousser la formule jusqu'au bout surtout qu'ici rien ne va, que ce soit dans l'univers sans inventivité ni identité propre, ce n'est juste qu'un plagiat de tout ce que l'on a vu en terme d'heroic fantasy ses 30 dernières années mais en moins bien fait, le scénario est inexistant et les personnages d'une stupidité sans nom. C'est surtout fascinant quant on se rend compte qu'il a fallut l'association de la matière grise de 3 individus pour aboutir à un résultat aussi incohérent, abrutissant et pathétique. Comme si sur ces 3 scénaristes il n'y en avait pas au moins un qui avait été capable de pondre une bonne idée. On est juste face à une successions de clichés outrageux et de situations téléphonées enrobés des pires dialogues vu dans un film depuis facilement 10 ans et où l'ensemble brille par sa paresse et son inconsistance.
L'intrigue ne savant pas où aller va finalement ne faire que de l'exposition et trouvera son moteur dans des rebondissements attendus et usé jusqu'à l'os mais aussi dénué de tout enjeux car on se retrouve face à des méchants qui ne sont pas capables de tuer les gentils, ils vont même jusqu'à les épargner pour laisser le temps au héros de les sauver comme lorsqu'il plonge un de ses amis dans un sommeil proche de la mort laissant au personnage principal deux jours pour le sauver. Après tout si le but est de lui faciliter la vie pourquoi pas, surtout que les gentils ne sont guère mieux car ils passent leur temps à raconter l'univers du film à travers des flashbacks inutiles, sauter dans les pièges pas subtiles des méchants et à pleurnicher sur des choses sans importances comme le personnage féminin qui pleure à cause de son bar partit en fumée alors qu'on à tenté de la tuer à deux reprises. La psychologie des personnages se révèle donc absolument fascinante et est comme le reste mal écrite. On a affaire à un film qui n'a pas moins que trois scènes d'ouvertures, une dans le passé qui finalement résume l'ensemble car passé cette scène celui-ci n'aura plus rien à offrir, la deuxième dans le présent prouve qu'on est face à un nanar bien baveux et sexiste tandis que la dernière scène d'exposition nous présente un personnage qui raconte son histoire en voix off et prouve définitivement que les scénaristes n'ont aucunes idées de ce qu'ils font. Car ce personnage n'est ni le narrateur du film, ni un personnage majeur de l'intrigue alors pourquoi utilisé ce procédé déjà bancal qu'est la voix off pour l'utiliser de manière aussi dérisoire ? Ça n'a absolument aucun sens sur le plan narratif. De plus, l'intrigue n'est qu'un immense setup/payoff, présentant la méchante et la manière de la tuer dès la première scène pour la reproduire quasiment à l'identique à la fin et en arriver au même conclusion. En terme de récit, rien n'est accompli et le film donne des objectifs à ses personnages qui ne servent à rien car ils n'ont aucunes incidences sur l'histoire et l'univers. On est juste face à du vide, les situations sont insignifiantes et l'ensemble n'avance que grâce à la stupidité des personnages car sans ça tout ce serait réglé en moins de 5 minutes.
Néanmoins on peut passer un agréable moment devant ce film car il s'impose comme un formidable nanar et s'y on sait apprécier ce genre de film, il y a moyen d'avoir de bons moments d'hilarité. Se prenant terriblement au sérieux notamment dans son ton très premier degré et autour d'une mise en scène de Breck Eisner terriblement pompeuse se voulant à la fois intimiste, presque malickéenne, et épique, plans en contre plongés aux ralentis sur Vin Diesel avec des musiques tapageuses. Pourtant malgré ses ambitions la mise en scène est comme le reste, totalement à la ramasse avec des scènes d'actions illisibles et une paresse à toute épreuve, le film nous remettant à intervalle régulier les mêmes flashbacks encore et encore. Les effets spéciaux manque de caractère, l'univers dépeint est fade tandis que le seul intérêt esthétique réside dans la photographie très léchée et vraiment appréciable lors de certains passages. Après il y a quand même quelques bonnes idées dans la mise en scène mais ça manque de rigueur et de talent pour que celles-ci soient correctement exécutées.
Sinon on a aussi affaire à un casting totalement à côté de la plaque entre les acteurs qui s'en fichent et ne sont là que pour cachetonner comme Michael Caine, ceux qui cabotinent à 200% quitte à en être totalement ridicule comme la quasi-totalité du cast avec en tête un Elijah Wood en roue libre, et ceux qui semblent jouer leurs vies et leurs carrières. Dans cette catégorie on retrouve Vin Diesel plus narcissique que jamais, cherchant à tout prix à montrer qu'il est classe et charismatique, se qui en devient terriblement gênant tandis que Rose Leslie s'implique beaucoup trop, comme si elle était dans le rôle qui lancera sa carrière, abusant du côté émotionnel.

En conclusion The Last Witch Hunter est un très mauvais film mais pas forcément un divertissement désagréable selon votre optique. Par contre il ne fait aucun doute que l'on est devant un produit mal écrit, filmé n'importe comment et totalement surjoué faisant partie du pire de la production cinématographique. Mais si vous êtes friands de nanars boursouflés qui ont l'impression de révolutionner les fresques épiques et l'heroic fantasy, allant à fond dans cette optique avec une approche pompeuse et absolument sérieuse faisant de l'ensemble une oeuvre hilarante de ridicule et de moments gênants comme rarement vu au cinéma. Il est vraiment fascinant et même un peu terrifiant de voir avec quel entrain il arrive à croire en leur film, même si celui-ci est un flamboyant ratage. C'est donc une leçon assez passionnant de tout ce qu'il ne faut pas faire au cinéma et pour ça, il mériterait presque le coup d’œil mais il est surtout à destination de ceux qui apprécie le cinéma bis, sans ça il est préférable de passer son chemin.