Bellisha est un enfant poule pour sa maman Gisèle, malade et déjà un peu partie de ce monde. Le dernier des Juifs se déroule, en effet, dans une ville, qui pourrait être Sarcelles, où cette communauté sent qu'il faut mettre les voiles, si j'ose dire. Après l'épicerie casher qui ferme, tous les deux sont les derniers d'une histoire ancienne qui se termine, là, doucement, tristement. "Il faut qu'on parte" répète la mère, Agnès Jaoui, tout en retenue, drôle mais en souffrance discrète.
Oui, et pour aller où? à Saint-Mandé chez les bourgeois, en Alsace, ou beaucoup plus loin encore, là où il fait chaud, avec la mer?
Pas facile.
Lui, à 28 ans a les routines d'un retraité: les courses au marché avec le chariot à roulettes, les copains de la cité, le repas à préparer pour sa maman chérie, et la voisine délurée qu'il va rejoindre dans le lit conjugal lorsque le mari est au boulot.
La vie passe.
Mais l'ambiance devient plus pesante.
Des graffitis hostiles, pro palestiniens sont tagués sur la porte des voisins... chinois! Malgré quelques rares moments fraternels, l'environnement se referme pour eux et la maladie gagne du terrain...
On assiste, à travers la vie de ces deux là, à la chronique douce amère d'une époque révolue, qui n'elude en rien l'antisémitisme rampant des banlieues mais par touches, tout en finesse.
Le comédien Michael Zindel, qui joue le fils, est une véritable révélation: une sorte de Vincent Lacoste séfarade, lunaire, le regard un peu perdu et le cheveu frisé, avec aussi la candeur d'un Jean-Pierre Léaud qui aurait
- un peu-grandi. Il forme avec Agnès Jaoui un duo très attachant.
Le film a été tourné avant la tragédie du 7 octobre. On peut imaginer que depuis, l'ambiance ne s'est pas vraiment allégé. Mais, malgré tout, cela reste un film bienvenu, très juste, sans démonstration. Bref, un moment très humain, drôle et triste comme peut-être la vie... souvent.
Vive le cinémâââ !