Sensation assez semblable à celle de la toute première adaptation du "Dernier des Mohicans", celle de Maurice Tourneur et Clarence Brown (1920), si ce n'est que la perte de la dimension silencieuse confère aux images en noir et blanc un côté paradoxalement encore plus désuet et que la présence du tout jeune Randolph Scott (l'année suivant son rôle tout aussi kitsch dans "La Source de feu") dans le rôle de Hawkeye ne risque pas de faire de l'ombre à Daniel Day-Lewis pour la dernière adaptation en date signée Michael Mann. Même remarque concernant le personnage de Magua d'ailleurs, ici interprété par un Bruce Cabot remarquablement falot laissant Wes Studi loin devant.
Les enjeux sont bien évidemment les mêmes, avec le charme du récit reposant sur deux antagonismes croisés, teintés d'alliances éphémères et de trahisons en puissance : les Français opposés aux Anglais pour le contrôle du Canada (territoires tout juste pillés aux Indiens, donc), et les Hurons opposés aux Mohicans en toile de fond. Cette version de George B. Seitz me semble être la plus aseptisée de toutes (celles que j'ai vues jusqu'à présent), la violence des échanges entre les différents pôles est extrêmement réduite et chaque entité semble étrangement homogène en termes de positionnement, de valeur morale, de psychologie. Seuls les Hurons jouissent d'un apport de profondeur, n'étant pas invariablement dépeints comme des brutes sanguinaires — pas non plus un sommet de subtilité stratégique ou géopolitique.