La vérité peut être arrangée

Je me remets depuis quelques mois à voir des films de Ridley Scott. Pas parce que j'ai une affection particulière pour le peu que je connaissais de sa filmographie, mais parce que les réactions très contrastées que ses films engendrent me donnent envie de m'y intéresser. Que ne fut pas ma surprise lors du visionnage du Dernier duel qui est à mes yeux une pure leçon de cinéma comme le cinéma américain ose rarement en donner depuis des années.

Le Dernier Duel est avant tout un très bon film féministe qui a une résonance assez forte de nos jours dans un monde où la parole des femmes s'est libérée il y a quelques années. Mais au delà de ça, c'est surtout une démonstration de l'importance du point de vue derrière la caméra, ce dont on manque cruellement car ce n'est pas enseigné à tous. C'est un peu comme les cours de musique au collège, là où les cours d'arts plastiques devraient nous sensibiliser aux arts visuels, j'ai l'impression que l'éducation au goût ne marche pas bien chez les élèves, et c'est dommage. J'espère quand même que ça a un peu changé depuis ma propre scolarité.

Judie Comer est tout simplement merveilleuse dans ce film. Elle est capable de lancer un regard bien particulier et qu'on voit peu dans le cinéma hollywoodien, un regard qui nous hurle "Mais qu'est-ce que je fais là ?" C'est surtout le fait que ce regard débarque dans des scènes de la vie de tous les jours, des moments de gêne purs et durs qui rend son jeu particulièrement convaincant.

Adam Driver est magnétique comme toujours. J'ai toujours vu en Matt Damon une vraie tête à claques, alors son rôle lui va comme un gant. On a même des choix étonnants pour les seconds rôles : la présence de Ben Affleck teint en blond et Alex Lawther dont la bizarrerie est très bien exploitée au milieu de la distribution, c'est très rafraichissant je trouve.

J'ai adoré, je vous le recommande, et même en termes d'action pure et dure une telle brutalité a quelque chose de jouissif alors ne vous privez pas d'un tel spectacle !