Le duel de trop
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Le réalisateur le plus surestimé de sa génération sort un film avec, à l’écran et au scénario, les deux endives cuites les plus bankables d’Hollywood. Tous les voyants rouges, les warnings et les alertes clignotent, par mesure de précaution je prends trois Xanax avant d’entrer dans la salle.
D’entrée, on constate que Ridley, en bon élève, a consulté avant de tourner le petit livre rouge des réalisateurs hollywoodiens, chapitre « Moyen-age », et qu’il s’applique pour faire tout bien comme c’est écrit : image dé-saturée à mort, par moment on a l’impression de voir un film en noir et blanc, fort contraste, gueules constamment noires de crasse et scènes de baston filmées en plan serré avec montage épileptique pour faire sauvage.
Et puis, dès la deuxième scène, Ridley pose sa patte magique sur le film. Il défend vaillamment son statut de maître du WTF, acquis de haute lutte grâce à sa magnifique station orbitale roue de vélo dans Prometheus, ceux qui ont vu le film comprendront. Les autres, ne le regardez surtout pas, ça vaut pas le coup de se décoller la rétine pour une petite private joke.
Donc, nous nous trouvons en 1480 à Limoges. Oui, vous avez bien lu. Une rivière avec un PONT. D’un coté, les gentils, avec Matt Damon et Adam Driver, de l’autre, les méchants. Ceux-ci crient à tout va, insultent, invectivent. Ils menacent d’égorger une dizaine de villageois qui se tiennent à genoux devant leurs bourreaux armés d’épées probablement assez tranchantes.
Adam à Matt qui piaffe sur place encore plus que son cheval : ne répond pas aux provocations, nous avons ordre de tenir le PONT pour sauver Limoges.
Mais voilà que les pas beaux mettent leur menace à exécution et commencent à trancher des gorges, et Matt n’y tient plus, alors il lance son cheval au galop pour aller sauver les trois villageois qui ont encore toute leur tête. Adam ordonne à toute la troupe de le suivre, parce que tout seul, il va se faire massacrer.
Et là, Ô maitre du WTF, que ton nom soit sanctifié pour les siècles des siècles, cavaliers et simples soldats, tous traversent la rivière à pied !! Y a 30 cm d’eau !!
On apprend plus tard que, comme ils n’ont pas tenu le PONT, Limoges à été prise. Encore merci, Ridley, personne n’avait jamais pensé à la faire, celle-là...
Sinon dans l’ensemble, c’est réalisé tout juste médiocrement. L’actrice du film Jodie Comer, lors d’une interview, s’émerveillait que Ridley filmait en permanence avec quatre caméras. Quel génie !! Quand je pense que certains réalisateur n’utilisent qu’une, voire deux caméras, et se pètent le cul à faire de beaux cadrages et de beaux plans. Alors qu’il suffit d’avoir un statut galvaudé pour deux films réalisés voici 40 ans, de poser quatre ou cinq ou douze caméras n’importe où pour faire un film à gros budget et empocher des millions.
Le film par ailleurs est beaucoup trop long. Il est divisé en trois parties, à chaque fois on a un point de vue différent sur les mêmes événements. Et c’est assez chiant en fait, de revoir trois fois la même histoire, malgré les différences de perception sensées nous éclairer sur les personnages. Et malgré que le procédé est sensé nous amener à découvrir peu à peu LA VÉRITÉ.
Nous voilà au cœur du sujet. Les points de vue, donc. On commence avec celui de Matt Jean de Carrouges, puis vient celui d’Adam Jacques le gris et enfin celui de Jodie Marguerite de Carrouges. A chaque fois, le début d'un changement de perspective est accompagné d’un petit texte : « The truth according to Jean », puis « The truth according to Jacques ». Quand arrive celui de Marguerite, une partie du texte s’efface, et ne reste que « The truth » à l’écran. Voilà qui est fort maladroit, et représentatif de l’ensemble du propos du film. Le métrage se voudrait #metoo, mais en réalité, par son simplisme extravagant, ses parti-pris réducteurs et la structure des rapports interpersonnels qu’il développe, il galvaude et passe complètement à coté de son sujet.
Et là, cher lecteur, je te laisse en plan. J’avais commencé à écrire la suite, avant de me rendre compte qu’il me faudrait trois pages pour exposer clairement mon opinion et que j’ai la flemme. A la prochaine, prends soin de toi...
Créée
le 16 oct. 2021
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