Un léger décalage

La faute, à mes yeux, aurait été de transposer les thématiques féministes actuelles au bas Moyen Age. En d'autres termes, de faire une sorte de Marie Antoinette à la Coppola, d'assumer l'anachronisme.
Au contraire, la force de Scott est ici de coller rigoureusement à l'époque. Pas de fioritures, pas de personnages modernes, pas d'avant-gardistes, juste des enfoirés, juste des mecs avec des modes de pensée résolument rétrogrades. Et pourtant si proches de nous.
Ici, le malaise naît du fait que les personnages, résolument archaïques, ne sont pas si éloignés de nous. En collant à sa réalité historique, le film nous fait ressentir avec d'autant plus de violences la faible évolution de nos mentalités.
L'étrange, le malaise, ne naissent pas des aberrations. Ils trouvent au contraire leurs sources dans les légers décalages, dans les petites déformations de la réalité. En robotique, on sait que les modèles les plus dérangeants sont ceux qui sont quasiment humains, qui tendent vers l'humanité mais échouent sur la dernière rive.
L'étrangeté bien dosée a le don de mette en lumière à quel point la "normalité" est un concept galvaudée. L'histoire a le don de nous rappeler la proximité de nos sociétés avec celles qui l'ont précédé, pour le meilleur comme pour le pire.