La grande histoire dans la petite Histoire

Le Dernier Duel peut paraître comme une simple plongée dans le Moyen-Age.
Les décors et les costumes sont très beaux et réalistes, l'histoire commence comme on le souhaite avec des guerres, des combats, et un jeu de pouvoir.

C'est l'histoire de deux amis : Jean de Carrouges et Jacques Le Gris. Carrouges est un chevalier courageux, loyal et toujours prêt à défendre le roi. Le Gris est un écuyer intelligent, il manie à la perfection le verbe et l'épée, ce qui fait de lui un homme respecté des puissants.
Ce train de vie va être bousculé quand Marguerite, la femme de Jean de Carrouges va accuser Jacques Le Gris de viol.

Et c'est là toute la force de ce film, ce monde masculin va être bousculé par le courage de Marguerite ; et le réalisateur Ridley Scott va accompagner majestueusement ce bouleversement.

Au début du film, les femmes sont au second plan, elles ne parlent pas. C'est un film masculin avec des hommes qui vivent et se battent entre eux. Mais le cri de Marguerite va propulser les femmes au premier plan. Elles vont être de plus en plus présente à l'écran, elles vont s'exprimer de plus en plus, prendre plus d'espace dans le plan. Des personnages comme la mère de Jean de Carrouges, une femme austère, va même aussi prendre sa place à l'image et s'exprimer grâce à la parole de Marguerite.
Cependant les plans restent serrés, sans profondeur de champs afin d'illustrer leur enfermement.

Le dernier duel nous rend compte de la remise en question permanente de la parole des femmes. Cette remise en question trouvera son point d'orgue au moment du procès où Marguerite est plus dans une posture d'accusée que de victime. La victime à ce moment là c'est Le Gris.

Bien entendu, nous assistons au dernier duel entre deux hommes, puisque Jean De Carrouges est obligé de défendre sa femme car elle n'en a pas le droit. Toutefois, Marguerite est bien l'héroïne de ce film. Même pendant le duel, celle qui a risqué sa vie c'est Marguerite. Celle qui a réussi à prendre la parole, qui a eu le courage de rester juste et de suivre ses convictions, c'est Marguerite ; et peut importe le résultat du duel, celle qui va en payer le prix c'est encore Marguerite.
Jodie Comer perse l'écran, pour se faire une place à travers les charismatiques Matt Demon et Adam Driver.

J'ai présenté Marguerite comme "la femme de ...", mais à la fin c'est Jean De Carrouges qui est "l'homme de ...".

En résumé c'est un film simple, efficace et divertissant pour commencer et qui se complexifie sur tous les plans au fur et à mesure, pour finir sur un film fort, perturbant et puissant !
La force du réalisateur de Gladiator, c'est d'avoir été cherché une histoire vraie, qui résonne avec notre actualité et notre histoire moderne.

C'est un film à voir, et à écouter.