On s'la coule, hein, the gang ?
Le gang des postiches est une bande de braqueurs farfelues qui attaquait les banques vêtus de perruques et de fausses moustaches. Les journaux ne parlaient que d'eux, la police était ridiculisée, les petites gens voyaient en eux des héros... bref ce sont de véritables personnages de Cinéma. Qui mieux qu'Ariel Zeitoun, réalisateur de XXL, de Bimboland et de Yamakasi (excusez du peu), pouvait donner un film à la hauteur de la légende ?
Le Dernier Gang se veut donc comme une grande fresque criminelle avec des personnages ambigus et des situations tendues. L'idée de départ est alléchante avec cette bande de potes un peu voyous, un peu fêtards, un peu paumés qui se transforment en voleurs au grand coeur (ils ne faisaient jamais de victime, les otages n'étaient pas molestés et il y avait une dimension comique dans leur mise en scène). Le film se concentre sur le leader du gang, joué par Vincent Elbaz.
Là encore on touche au romanesque avec cette histoire d'amour absolue et difficile, avec ce personnage entier mais instable.
Tout semble là et pourtant la sauce ne prend pas vraiment. Vincent Elbaz, tout d'abord, fait sans doute un peu trop le malin pour être parfaitement crédible. Il n'est pas forcément mauvais mais il a tendance à trop surjouer.
Mais ce n'est rien comparé au personnage de Clémence Poésy, sorte de chouineuse frigide qu'on a envie d'énucléer à la moindre apparition. L'actrice, bien que tout à fait mignonne, joue affreusement mal. La relation amoureuse entre les deux est donc difficilement crédible. Une relation d'autant plus chiante qu'elle occupe une grande partie du déroulement.
Cette relation envahissante est la partie immergée de l'iceberg expliquant les soucis de scénario. En effet le film a beau s'appeler "Le Dernier Gang" la notion de groupe est totalement absente, les autres membres ne sont que des faire-valoir et c'est d'autant plus dommage que le personnage d'Elbaz est légèrement insupportable sur la longueur. C'est dommage de le privilégier puisqu'à ses côté on a Sami Bouajila ou Pascal Elbé dans des personnages complètement sous-exploités. On aurait aimé en savoir plus sur cette bande de potes, voir la vie en communauté ou même, soyons fou, les voir préparer un casse. Mais le film choisit d'éluder tout ça et se s'attarde finalement que trop peu sur l'organisation de la bande.
Autre choix douteux : un flic qui traque le gang plus ou moins en secret jusqu'à l'obsession. Un personnage caricatural (kikoo, je repeins les murs de chez moi avec des coupures de journaux) et intégré n'importe comment dans le récit. Le montage ne prend jamais la peine de s'attarder sur son parcours, sur les raisons qui le poussent à agir comme il le fait. On le croise en clodo infiltré puis on le recroise 8 ans plus tard et il est devenu à moitié fou à cause des braqueurs. Comment ? Pourquoi ? Aucune idée, le film ne prends jamais la peine de répondre ou même d'esquisser une vague piste.
Un personnage complètement bancal incarné par un Gilles Lellouche au sommet de son art, c'est à dire : carrément mauvais.
Derrière la caméra on retrouve un Ariel Zeitoun pantouflard qui peine vraiment à donner du souffle à son récit déjà un peu boiteux. Aucune séquence vraiment forte et des ellipses foireuses en pagailles, voilà donc le programme. Le Dernier Gang arrive néanmoins à se suivre grâce à quelques moments sympathiques mais n'atteint jamais la dimension épique qu'un tel récit pouvait avoir. Le film ne décolle jamais vraiment et l'ensemble reste très mou.
Le Dernier Gang passe à côté de son potentiel à cause d'une accumulation de mauvais choix. Des mauvais choix de casting, de scénario et de narration. Reste un polar moyen qui se voyait bien en référence du genre mais qui n'a jamais les épaules pour y arriver. Le final du film, qui tombe à plat puisqu'amené n'importe comment, est sans doute le meilleur exemple de ce conflit entre intention et résultat.